XEU
6.7
XEU

Album de Vald (2018)

S'étaler sur la carrière de Vald afin d'introduire ma critique serait inutile, tant ceux qui la liront connaissent déjà son histoire par coeur. Cependant, il me semble important de revenir le temps d'un paragraphe sur son premier album, son premier joujou, Agartha.


La chose la plus importante à dire sur Agartha est qu'il est produit par DJ Weedim. On ne sait pas si Vald se colle à son univers où l'inverse, mais j'aurais du mal à dire qu'il y a une alchimie. Agartha est la continuité de NQNT et de NQNT2, avec des sons complètement tarés, d'autres très sérieux, d'autres quasiment expérimentaux. On sent quand même que Weedim a apporté quelque chose d'encore plus fou chez Sullyvan. La production est impeccable, hyper réussie, j'irai même dire qu'elle est parfaite. Le plus gros problème de ce CD est sa replay value que j'ai trouvé très (trop) faible. On se farcit l'album pendant deux mois, et on l'oublie. Jusqu'au prochain.


Xeu sort le 2 Février. Je vous épargne toutes les sordides théories qui tournent autour du nom de l'album, de la cover, de la date de sortie. La promo est cependant extrêmement réussie, Vald essaye de nous surprendre à chaque fois, et ça marche !
Album quasi-exclusivement produit par le jeune Seezy, déjà multi platine à 20 ans. Trois featurings : Sirius, le virus le plus sérieux, son ingé son de toujours, Sofiane et évidemment Suikon Blaz AD, ami fidèle de Vald.


On apprend à connaître Vald en profondeur avec cet album (c'est assez exceptionnel pour le préciser), dans lequel il semble avoir abandonné la partie la plus folle de sa personnalité pour laisser son côté sombre prendre le dessus. On le comprend vite avec la première batte "Primitif", flow rapide, kickage sale sur une prod très minimaliste de Seezy.
C'est maintenant qu'on entre dans la partie la plus violente de l'album : enchaînement de violence avec Seum et DQTP, deux titres extraordinaires dans lesquels Vald se bat contre lui même et sa "bête noire" dans un premier temps, pour ensuite déverser la haine qu'il éprouve pour une scène rap particulière, celle qui ne parle de rien dans DQTP (CQFD). Titre joussif, sur une prod horrifique.
Possédé est un bijou de contradictions. Musicalement, c'est le seul son très doux de l'album (Ne me déteste pas exclu, steuplai balance la suite) et pourtant c'est l'un des plus sombre dans le thème. Premier morceau d'autotune qu'on entend de l'album, on l'apprécie beaucoup tant il est maîtrisé.
Chépakichui (réponse au Kietu de Damso ?) est extrêmement violent, Vald devient un animal sur ce son, un animal qui parsème ses couplets de respirations bestiales qui feront des amateurs de violence des gens conquis. Je suis conquis.
Résidus est l'un des (17) bijoux de l'album, produit par un sombre inconnu, étant donné que l'instru est en fait un type beat trouvé sur le net, retravaillé par Seezy. Le son le plus intéressant lyricalement pour ma part, avec une ouverture mixant français et anglais pour un premier couplet très puissant.
Jentertain aurait du contenir un couplet de Booba, tant le flow et le son correspond parfaitement au D.U.C de Boulogne. C'est le seul son que je qualifierai (avec des pincettes) d'oubliable, même si je l'apprécie.
Le premier feat arrive avec Rituel. Vald se transforme en Super Sayan God sur son second couplet, dans lequel il kicke vraiment comme un gros porc (la critique va être trop longue je vais me contenter de balancer mes impressions crues). Sirius fait le taff, et réussi à exister, ce qui n'est pas simple après un tel couplet. Super morceau.
Vient le hit de l'album, 50M de vues sur Youtube, Désaccordé. Rien à redire dessus, autotune sympa, refrain incompréhensible mais pas vide de sens (merci genius).Le son fait le boulot : enjailler et donner envie d'acheter le disque. Encore une fois, promo irréprochable.
Gris est le highlight de l'album, et le résume en globalité. J'ai été méga touché par ce son, par son autotune dégueulasse sur le refrain, sur les couplets ou Vald arbore un tout nouveau flow (je l'ai pas dit mais chaque son apporte un flow différent). Gris résume l'album, car il mêle le noir (nwaar, 1ère partie de l'album) et le blanc (seconde partie, post Réflexions Basses, on y reviendra). On notera que la prod de Sirius est très aérienne, presque cosmique et vient parfaitement servir le refrain qui semble prendre de la hauteur sur le morceau.
Réflexions Basses, justement, est le tournant de l'album. Ici, vald s'enivre jusqu'à bafouiller des sombres pensées. Ceci représente parfaitement le mood affreux que chaque humain peut connaître, où tout semble noir, mauvais, merdique, en somme. Chacun trouve un échappatoire à cette humeur, chez Vald, sur cet album, c'est l'alcool. C'est après ce son là, après l'ivresse que l'album prend un chemin différent.
Offshore est le meilleur featuring que nous ont offert les deux compères. Contrairement à Blanc sur Agartha, c'est AD qui prend les rennes et qui dirige ce morceau. On apprend a voir le bon côté d'une société maladivement noire, comme le témoigne la phase qui résonne inlassablement dans ce son : "Guette comment le monde est beau, petit, guette comment le monde est glauque"
Ne me déteste pas a été jugé trop intimiste aux yeux de Vald pour être mis en entier dans l'album, et c'est bien dommage. La prod est super entêtante, le chant l'est aussi. Gros dommage.
(Rockstar dans) Rocking Chair est un son au premier abord décevant, pour la simple raison que la prod est incompréhensible, et passait beaucoup mieux sur l'instru du son de Kodak Black (le nom du titre m'échappe complètement) sur le freestyle Skyrock. Le seul son très axé sur l'egotrip.
Dragon peut-être résumé avec cette phase "Dragonne veut dragon dans son dragon boule, j'ressort marron rouge (WOUHOU WOUHOU)". Sofiane rentre dans l'univers de Vald, on a ici un vrai feat entre deux amis, qui ne se contentent pas de poser son texte et de se barrer. Feat très surprenant mais qui devient génial après plusieurs écoutes.
Deviens génial, message pour le petit de Vald, est un son plein d'espoir, plein de magnificence, plein de bonnes ondes. L'ambiance éléctro est déstabilisante, surtout après s'être mangé 1h de rap, mais on apprend à l'apprécier assez rapidement.
L'album se termine sur Trophée, où Vald s'assoie sur la montagne de son succès et contemple le paysage. Prod incroyable, ma préférée de l'album.


Pour conclure, je pense que Vald a composé cet album de manière très découpée. Chaque morceau représente une émotion, un état d'esprit. C'est là où l'album est supérieur au précédent, il suit une ligne directrice, un fil rouge, et est beaucoup plus sérieux. J'ai parlé de la replay value d'Agartha que j'ai jugé faible, sur Xeu, on trouve plus de profondeur, plus de messages, il est donc évident de dire que la replay value du CD est supérieure au disque précédent, et il n'est pas rare de revenir sur certains de ses sons.
Xeu, c'est Vald, ses émotions, sa manière d'être, ses conflits intérieurs... Un album très riche, même si à la première écoute, Seezy peut paraître redondant dans ses instrus.
Pour ma part, Seezy x Vald, c'est l'alchimie ultime qui permet à Vald de s'exprimer librement, tout ça sur des gros beats de cochon sale.

Nobelette
10
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le 20 avr. 2018

Critique lue 1.6K fois

5 j'aime

Nobelette

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