Zifukoro
4.7
Zifukoro

Album de Niska (2016)

Soldat du buzz, Niska vient de sortir son premier album après différentes mixtapes et des clips aux millions de vues.


Le buzz est éphémère mais certains veulent persévérer et revivre cette brève victoire. Chaque humain y a le droit, on ne revient pas dessus, mais, par pitié, n’en faites pas des stars. Le million de vues ou d’écoutes est un des éléments déclencheurs qui fait, malheureusement, qu’un ou une artiste « explose » et qu’une carrière peut prendre une toute autre tournure. C’est un critère certes peu objectif mais, désormais, l’industrie est basée sur ces règles. Niska est l’un de ces artistes qui bénéficient de ce nouveau régime. Fort de ses succès et confiant comme « jaja », le rappeur d’Evry vient de sortir son premier album, Zifukoro. Premier titre éponyme mais aussi surnom auto-proclamé du bienheureux, ce projet comprend 18 titres dont 8 de « haut standing ». On y a jeté une oreille. Pas plus.


Pour revenir sur l’histoire du personnage, Niska explose en 2015 et prend doucement la confiance (il le dit lui-même), l’album était donc inévitable pour faire évoluer sa carrière. A notre plus grand damn. Pour Zifukoro, il s’entoure du DJ Belek, petit frère de DJ Kore – très présent dans le milieu musical depuis des années – qui va réaliser une grande partie de l’album, de la prod’ aux conseils linguistiques pour les textes. C’est dans cette définition que le rôle de producteur prend tout son sens. Quant à la promo, Niska va énormément miser sur les titres comme Zifukoro, « Mustapha Jefferson« (titre qui serait parti, comme tous les plus gros tubes de ces dernières années dans le rap, d’un freestyle balancé sur les réseaux) ou encore « M.L.C« avec Booba. Pas étonnant d’avoir choisi les « meilleurs » titres, ce seront les plus pop de l’album. On était assez dubitatifs à l’idée de devoir écouter ce projet, mais il le fallait bien pour savoir si Niska méritait bel et bien sa « réputation sulfureuse » d’artiste.


Désir de diversité et d’ambition


Entre la sortie de Charo Life, sa dernière mixtape, et Zifukoro, huit mois se sont écoulés. Pour sa mixtape, le rappeur a livré une partie de lui-même en public. Brutale, froide, collant à un flow et à une voix travaillée. Pour son album, il était annoncé que l’on découvrirait un Niska encore plus sombre : le véritable Zifukoro. Choix artistique évident que de mettre le titre éponyme en premier dans la tracklist. On débute donc le projet avec beaucoup d’attente pour l’auteur du célèbre « Matuidi Charo« . Or, on tombe sur une pale copie de l’un de ses titres les plus fameux (dans le sens connu). Flow et gimmicks i-den-ti-ques. Ni choqués, ni déçus on continue l’écoute du morceau. Niska est dans sa zone de confort, il ne s’aventure pas loin et nous ressort les mêmes expressions que l’on pouvait entendre dans ses sons précédents du type « Charlie Delta Comando ». Si une comparaison avec son célèbre freestyle devait être faite, nous dirions que le tempo de sa voix est plus lent, ce qui est en partie dû à un beat percutant de DJ Bellek.


Comme le dit si bien Niska en début de morceau (« DJ Bellek au piano ») : le rappeur résume bien la prod qui l’accompagne. Une simple ligne de piano avec de gros kicks. Simplissime. Mais une phase vient chatouiller notre intérêt : « Tous ces rappeurs sont mes produits dérivés ». Le Niska, présent dans ce rap jeux depuis peu, pense être une source d’inspiration pour nombre de ses confrères. A ceci nous répondons cette vidéo, qui se veut purement subjective mais où bon nombre de rappeurs voient, en image, que leur flow n’est pas si différent les uns des autres. Bien évidemment, Niska en fait partie, même si on sait pertinemment que sa phrase était sûrement destinée à un autre collègue, toujours dans cette logique de buzz, on ne se refait pas.


A l’image de ce titre, se suivront d’autres titres où Niska se livre d’une manière plus personnelle sur sa personne, réutilisant les lexiques habituels du rap-jeux. D’un « Mama Lova » ou encore « Italia« , les titres solos ne sont pas différents et une figuration dans une mixtape ne choquerait pas.


Pour un résultat identique


Mais l’autre point notable est le grand nombre de collaborations sur cet album, Zifukoro. Sur 18 titres se succèdent 8 collaborations avec des artistes issus du même rap-jeux, on compte dans l’ordre : Booba, Madrane, Skaodi, Maître Gims, Sidiki Diabaté, Gradur, La B et Trafiquinte. Il faut l’avouer, c’est un bel avantage d’avoir un casting aussi élevé. Mais là où Niska pêche, c’est que le niveau de ses textes ne se relèvera que sur des collaborations et pas dans ses textes solos. Il est gênant de ne produire un meilleur contenu qu’en cas de « concurrence amicale ». Pourtant, c’est exactement ce que va donner Zifukoro. La diversité et l’ambition annoncées n’ont donc pas tellement fait de bruit, au contraire.


Que ce soit sur des morceaux plus personnels, où le fameux Zifukoro se dévoile, des morceaux plus pop’ – à l’exemple de « Mustapha Jefferson » – ou encore des collaborations ; le résultat est le même. Niska délivre un projet sans changer ses habitudes. Son fameux featuring avec Maître Gims sur « Sapés Comme Jamais » ou encore son « Freestyle PSG » n’étonnent pas le public qui connaît déjà l’étendue de son flow et de ses gimmicks. Le MC est capable d’alterner entre les titres plus commerciaux et les tubes purement trapesques en surfant sur les codes. En ça, Zifukoro n’a rien de nouveau, cet album est juste un condensé sur un même disque de ce que Niska sait faire et avait déjà montré. Ça ne constitue en rien quelque chose de nouveau, à la fois pour l’artiste et pour le rap. Seulement un projet de plus à son actif, construit par une seule et même personne (en l’occurrence, DJ Bellek), ce qui laisse une identité assez lisse et identique à tous les morceaux.


Zifukoro est davantage un CV de ce que Niska sait faire plutôt qu'un projet révolutionnaire dans la carrière du rappeur. Sans nouveauté, d'une production travaillée mais loin d'être efficace, cet album ira surement loin grâce à ses nombreuses collaborations y figurant, mais pour nous une seule écoute a été amplement suffisante.


http://www.hypesoul.com/

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le 10 juin 2016

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