Co-errance

Le stade du second album est toujours un exercice au combien difficile. Attendu au tournant, le groupe qui a popularisé les silences maîtrisés (juste avant le talentueux James Blake) avait placé la barre très haute. De ce constat, il faut déjà en faire un autre. Coexist est très logiquement décrié à sa sortie (ou plutôt, à son leak) comme moins efficace que son aîné. Cas décidément récurent chez les artistes indés. Aussi, qu'attendons nous d'un 2e album chez un groupe indé (comprendre, d'un artiste qui ne cherche pas à tout prix un tube radio friendly lorsqu'il compose en studio) ? Une feinte au single, façon MGMT ? Se faire plaisir avant tout, comme l'ont fait les Friendy Fires ? Faire ce que l'on sait faire le mieux, façon Two Door Cinema Club ? Ici, avec les XX, c'est cette 3 idée qui a semble-t'il émergée.

Angels, premier titre dévoilé de Coexist, donne le ton : nous resterons en terrain conquis. De ce point de vue là, Coexist est une réussite. Il continue ce qui a été déjà plus que très bien amorcé sur le premier album. Nous sommes en terrain connu, mais Angels ne dévoile, au même titre qu'Intro, qu'une infime partie des richesses que procurent les LP des 3 britanniques.
La plus grosse évolution vient de Jamie XX. Pour rappel, le jeune homme, très convoité ces derniers temps, a rendu un dernier hommage à Gil Scott Heron en produisant un album qui montrait que ses capacités s'étendaient au delà de ce qu'il avait pu créer pour l'album éponyme de sa bande. Ici, les rythmes sont plus travaillés, plus variés, ces derniers ont même valus à Coexist d'être qualifié d'album plus dansant par la presse spécialisé (conclusion quelque peu hâtive). Reunion, Swept Away ou encore Tides, toutes 3 en tête de liste pour les morceaux qui ressortent à l'écoute de cet album (pas seulement chez moi, visiblement) empruntent autant au premier album qu'au style Garage UK qui a fait fureur depuis l'apogée de Burial.

Si certains peuvent, à juste titre, trouver une certaine absence de "tubes" à la Basic Space ou Crystalised, Coexist m'a semblé plus cohérent comme un tout que le premier album. Je rajouterais même que certaines pistes sont presque passables, écoutées seules. Ici, l'album s'apprécie d'une traite (d'ailleurs, 37 minutes) et s'apprivoise au fur et à mesure des écoutes. Alors, certes, Coexist ne marquera pas autant que XX. Néanmoins, se retrouver sur une suite logique du premier album est on ne peut plus plaisant, tant il y avait encore à dire après XX. L'album devrait plaire à ceux qui en redemandaient, c'est certain.


A noter que malgré quelques pistes un poil plus rythmées qu'à l'accoutumée, l'ambiance reste particulièrement sombre. D'ailleurs, c'est parfait, aujourd'hui il pleut.