Here's Little Richard par taboun

Comme le résume si bien Lemmy Kilmister : Little Richard, étant à la fois gay, noir, né en Géorgie dans les années 30 et issu d'une famille mésirable et nombreuse, ne pouvait décidément rien faire d'autre de sa vie que de hurler, crier, choquer, déranger. En bref, faire du rock'n'roll.

Rares sont en effet les exemples d'artistes qui n'ont eu, ne serait-ce que pour survivre, d'autre véritable alternative à leur matière que la mort ou l'oubli. Et c'est encore plus vrai à notre époque où jouer de la gratte, du piano ou du djembé ne représente jamais rien de plus qu'un passe-temps interchangeable, équivalent à la philatélie. Passe-temps que l'on expose à la rigueur, avec force mélange douteux d'auto-persuasion et de vanité, qu'à la fameuse fête de la musique.

En fait, s'il est bien quelqu'un qui constitue une preuve vivante que la musique (et par extension tout art) ne peut absolument pas se concevoir comme un loisir badin mais bien comme un travail quotidien, répété, éreintant, nécessaire, que dis-je, comme un sacerdoce, c'est bien Little Richard.

Mais au-delà de cette dimension, c'est la puissance vocale et musicale, la performance de showman de Richard qui impressionne le plus. Malgré les conditions plus que difficiles de son arrivée dans ce monde, ce qui ressort le plus de sa musique reste cette explosion débordante et communicative de joie, de foi et de mordant. Ce qui nous fait croire d'ailleurs, à chaque nouvelle écoute, que la vie est sûrement bien meilleure que ce qu'on aurait jamais pu imaginer.

C'est sans doute cela la puissance de Little Richard et du rock'n'roll en général : nous remuer du fond des tripes jusqu'au bout de l'âme, en un même éclair.