Les gars du marketing ont écrit des bibliothèques entières sur les vertus psychothérapeutiques des disques de Steve Roach. Le problème des musiques qui s’auto-proclament « soignantes » c’est qu’on ne peut plus tellement les jauger sur le plan musical, il faudrait pratiquer dessus les exercices spirituels prescrits par votre chaman, de façon régulière, et voir si on en sort en meilleure forme. En se situant sur le terrain du soin, et même parfois du tagada soin soin, Steve pense peut-être jouir de l’immunité diplomatique et musicale. Un hypnagogue affirme dans les notes de pochette toujours très fournies que grâce à Fever Dreams II, et à la Respiration Holotropique, il aurait retrouvé dans les tréfonds de l’inconscient collectif la trace du passage de son arrière grand-mère, disparue en 1858 et dont il n’avait plus de nouvelles depuis. (La Respiration Holotropique est une méthode d'exploration intérieure basée sur un travail de respiration combiné à des séquences musicales.)
Je rigole, mais le disque s’ouvre sur une plage qui évoque certes le pire du tribal-ambient ramolli, « Le Guérisseur Blessé » mais il est suivi du « Puits d’Energie », sur lequel plane le fantôme d’autant plus inouï qu’il n’est même pas mort de Jon Hassell et sa trompette polytimbrale, ce qui veut dire "plusieurs sons différents en même temps" (à ne pas confondre avec polyphonique, plusieurs notes en même temps, c’est merveilleux, j’apprends des trucs en me faisant suer...)
Une voix féminine vient faire des vocalises, un didgeridoo caverneux lui répond en chorus, ils nous font glisser dans les clichés du new age mais c’est agréable.
Sans conteste le meilleur de la série Fever Dreams, du tribal-ambient inspiré et varié.