L'album de trop ?

Hurry Up Tomorrow - The Weeknd, 2025

Mon petit souci avec ce cru 2025 d'Abel Tesfaye, le canadien derrière le pseudo de The Weeknd, c'est que j'ai une grande impression de redite avec ses précédents After Hours (2020) et Dawn FM (2022). Là où le premier marquait une véritable rupture artistique avec ce qu'il faisait auparavant, passant d'un son très RnB/dark/electro à une pop sensuelle vintage mélancolique et dansante, et où le deuxième, toujours dans cette nouvelle D.A., proposait quelque chose d'un peu différent avec toute cette histoire de radio qui s'inscrivait bien dans l'album, qu'a à nous proposer de plus Hurry Up Tomorrow, si ce n'est un album bien trop long pour ce qu'il est, avec des titres interchangeables et peu intéressants qui tirent vraiment en longueur ?

The Weeknd perd en efficacité ce qu'il avait trouvé avec After Hours. Ici, les 22 (!) tracks qui parlent tous de mélancolie et de me, myself and I, semblent étirés pour tous durer plus de 4 minutes, avec des intros bien trop longues et des passages musicaux inintéressants (sans oublier la belle voix d'Abel qui finit par fatiguer à force d'allonger toutes les syllabes finales).

Je fais cette review le 28 mai 2025. L'album est sorti le 11 février. J'ai commencé à l'écouter très rapidement après sa sortie, mais je n'avais pas réussi jusque là à aller jusqu'au bout de son heure et demie d'écoute !

Je me suis donc concentré sur deux jours pour recommencer à zéro et redonner une chance à un album qui m'avait déjà pas mal ennuyé.

Après quelques titres plutôt sympas mais qui ne réinventent pas non plus le genre (et bien en-deça de ce qu'il avait pu nous faire dans la même veine précédemment), comme Cry for Me ou Open Hearts, l'album se perd rapidement dans ses élans de grandeur et de grandiloquence et nous livre une deuxième moitié longue et terne à en crever. Je me suis parfois surpris à remettre un titre au début, pensant que je ne l'avais pas bien compris, pas assez concentré, etc... mais en fait non, c'est juste que sur moi la sauce ne prend pas.

Ou plutôt : la sauce ne prend plus. C'est bien simple : dans sa deuxième moitié, je serais bien incapable de vous citer ne serait-ce qu'un seul titre qui a retenu mon attention (pour de bonnes ou de mauvaises raisons), tant il s'agit d'un flot continu de mélancolie avec des sons tous semblables dans l'idée. Et ce malgré des collabs assez sympas et prestigieuses et des transitions bien maîtrisées. On sent que The Weeknd a voulu un peu s'écarter quand même de ses deux précédents opus, il y a un peu plus de prises de risques, mais du coup on alterne entre un tunnel de trucs chiants et pas original pour un sou et deux trois titres dans un style complètement différent.

Ça passe bien en fond sonore pour bosser ou faire la popote, mais bon c'est du The Weeknd quand même, ce serait dommage qu'il finisse dans les playlists Spotify lo-fi entre deux trois artistes qui n'existent pas !

Et la justification comme quoi c'est l'album qui va avec le film (sorti récemment), gnagnagna : apparemment le film aussi est un peu pété. Bref : saturation. Il y a une bonne moitié des titres qui auraient pu être squeezés, ça n'en aurait rien gâché au plaisir d'écoute ni au message inexistant de l'album.

Est-on arrivé au bout d'un cycle de mélancolie du week-end ? Peut-être : pour son prochain album, Abel Tesfaye s'appellera... Abel Tesfaye.

Pastiche de soi-même trop long et pas intéressant : 6/10.