Led Zeppelin
8.2
Led Zeppelin

Album de Led Zeppelin (1969)

Grande question : dois-je mettre 8 ou 9 sur ce disque ? En réalité, il relève d'une seule question : à quel point le génie pardonne-t-il les quelques défauts de l'album ? Pour être plus précis, plus que des défauts, ce sont des déceptions que l'on a ici.
Est-il encore besoin de présenter Led Zeppelin ? Le plus grand groupe de rock de tous les temps. Je place sans hésiter Led Zeppelin sur ce trône. Ce sont des Dieux, des géants. Ils dominent même pour moi les Beatles et Hendrix. Ils sont de ces types plus divins qu'humains pour moi. Et, il faut l'avouer, leurs quatre premiers albums, éponymes, auraient suffit à faire et défaire bien des carrières. Ces génies, ces titans, ont pourtant du commencer avec un disque qui respire la nouveauté et la difficulté à maîtriser la direction à prendre.


C'est donc pour moi une opposition entre les mauvais éléments de l'album, ceux que je considère comme ne faisant pas parti de la légende, du divin et ce côté génial. Car Led Zeppelin n'offre évidemment pas un mauvais album mais un album avec des passages humains. Là où les trois suivants seront pratiquement une preuve de l'existence de Dieu, ce premier contient encore deux-trois détails humains.
Qu'est-ce qui m'a déçu dans ce disque ? You shock Me bien sur, le célèbre standard du blues est pour moi offert dans une version tolérable mais pas incroyable. Dixon et Lenoir ont pondu un titre sans hésitation et Led Zeppelin sait bien le maîtriser mais je trouve que le groupe ne le fait jamais sien et c'est là un gros regret. Alors que Babe I'm gonna leave you est devenu A Led Zeppelin après cet album, You shock Me a toujours gardé sa liberté. Les solos d'orgue et d'harmonica ne sauvent pas le titre, au contraire, ils lui donnent une sorte de format habituel qui est loin de la liberté habituelle de Led Zeppelin. De quoi me décevoir. Reste la prestation vocale de Robert Plant encore incroyable, bien évidemment.
I can't quit you Baby est un bon titre de Blues mais, là encore, pas parfait dans la possession bien que largement au-dessus de You shock me. Your Time is gonna come souffre également de sa jeunesse tant j'ai le sentiment qu'il aurait gagné à être retardé et relâché plus tard. Voilà les trois éléments noirs de ce disque.


Mais finalement, tout est pardonné. Parce que Led Zeppelin est jeune. Le groupe est formé depuis moins de deux mois quand ils enregistrent. Ils ont un son incroyable efficace et ce n'est pas trois morceaux aussi parfaits que le reste qui empêchent le génie de dégouliner de cet album. Car oui, là on peut parler de génie qui dégoulinent.
Doit-on rappeler que ce groupe accouche, ici, de Dazed and Confused ? Un vol affreux de Jake Holmes mais qui est tellement arrangé par Page que, bien évidemment, on n'a plus grand chose à voir avec le titre original. A la page, Jimmy Page a offert à tous ses collègues de Led Zeppelin de donner leur propre âme. Le titre est une merveille du son de Led Zeppelin et des possibilités sonores de Page. C'est aussi un titre qui marque la noirceur que peux amener John Paul Jones. C'est une merveille à la batterie, les roulements sont incroyables et cette voix … Mon Dieu !
Dans la catégorie « je fais mien un autre morceau », j'ai déjà évoqué Babe I'm gonna leave you où cette fois c'est Anne Bredon (bien que nommé) qui voit une composition appartenir à Led Zeppelin. Ceux-ci sans concession offre un titre à la subtilité et à l'hétérogénéité digne des paroles. Led Zeppelin réussit ce titre plus que n'importe qui. Ils s'offrent même le droit de faire une référence à Chicago Transit Authority. C'est dire ! Peut-être la plus forte chanson d'amour du groupe ? Une des plus puissantes de tous les temps, c'est certain.


Doit-on parler également de Good Times Bad Times qui ouvre l'album ? Doit-on parler de cet ouvrage magnifique d'une violence renouvelée qui fait peur ? Doit-on dire qu'on est persuadé d'avoir entendu un dirigeable de plomb faire feu sur nous ? Doit-on dire qu'on est persuadé de ne pas pouvoir avoir plus lourd après ?
Car c'est là une erreur : Communication Breakdown ne faisait que nous attendre. Vif et sans temps mort, le titre assume de défouler l'auditeur comme rarement avant.
On notera également que How many more Times est de ces titres surpuissant.


Fondateur du Hard-Rock, du Metal, Led Zeppelin marque définitivement le monde avec cette puissance incroyable. Mais quels sont ces ingrédients ? Une dose de folk, deux litres de Blues, du rock, un peu de musique indienne (le très beau Black Mountain Side) et surtout ces quatre musiciens !
Si John Paul Jones reste encore discret sur ce disque (sauf derrière l'orgue), on remarquera immédiatement trois éléments : la frappe de Bonham change le monde de la batterie. Il y aura un avant, il y aura un après. Forte, brutale, efficace, jamais trop. Elle installe un nouveau standard, une nouvelle marque de fabrique. La guitare de Jimmy Page représente, dans une vision plus macabre, plus sombre, ce que Hendrix propose à la même époque : la liberté. Des sonorités incroyables commencent à naître, sorti d'outres tombes, sorti d'un autre univers, Page change le monde du rock définitivement. Quant à Robert Plant, il est le Lion. Symbole de force, de virilité, de sensualité il incarne la jeunesse à son apogée. Que ce soit dans sa maîtrise, dans ses émotions mélancoliques, dans sa confusion, dans sa sexualité, dans un sensualisme assumé, Plant chante comme jamais, il incarne la jeunesse, il incarne le lion. Page est un génie, Bonham a un don, Jones est un artiste, Plant EST.


Led Zeppelin c'est l'incarnation de l'existence dans ce qu'elle a de plus grandiose. C'est, définitivement, le plus grand groupe du monde.

mavhoc
9
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le 31 janv. 2016

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mavhoc

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