Pas avare en concepts dont il croit dur comme fer, et ce parfois contre vents et marées, Coldplay s'apprête à conquérir la Lune avec Moon Music. Après la parenthèse ratée Music Of The Sphere, une tournée des stades colossale bientôt la plus lucrative de l'Histoire boostée avec pas mal de roublardise par une énergie 100% renouvelable, les quatre mecs qu'on aimait jadis plutôt pas mal se muent dans la peau d'un nouveau Pink Floyd qu'ils rêvent de tutoyer. En celà, ce Moon Music a des allures de spectacle spatial genre planétarium d'un parc un peu daté. Genre Futuroscope. Ça a l'air bien et impressionnant de loin, avant de se rendre compte que les effets spéciaux ne datent pas d'aujourd'hui et que la musique répond à un cahier de charges pour coller aux images.
L'album peut se targuer d'être l'un des meilleurs Coldplay post Ghost Stories à condition de prendre Coldplay pour ce qu'il est : de la musique électronique vaguement progressive, beaucoup d'atmosphères chopées chez le Floyd et Eno. On les croit presque incapables de se dépêtrer du cas Eno tant son ombre géniale plane encore sur le groupe, mais Coldplay n'arrive plus à faire un seul album cohérent depuis. Il s'inspire des tendances, touille, invite deux trois guest, fait un peu de politique lissée et naïve, d'aucuns diront prétentieuse, se plaît à orchestrer un album de dix morceaux autour de 3-4 singles forts sans que le reste ne vienne perturber tout ce petit monde.
On y côtoie le pire (WE PRAY, en majuscule) comme le meilleur (MOON MUSIC, ALiEN HiTS avec des i minuscules) lorsque Chris Martin sort son piano et laisse parler un peu l'émotion au détriment du concept pur. Depuis que Coldplay a trouvé l'idée d'un nouveau concept par album, avec avec nouveau look à l'appui, ils en sont devenus à être détestables presque par principe. D'avoir répondu aux sonnettes du mainstream, du r'n'b, de la pop formatée, des boys band, de la FM, propageant les messages de paie et de tolérance à tout bout de champs jusqu'à faire danser une mascotte ridicule sur scène, ça, on ne les suivra pas. Du talent, c'est certain, il manque simplement la boussole pour guider un peu mieux le navire.