Au seuil des années 2000, deux maxi-vinyles ont suffi pour asseoir la popularité de James Murphy et de son groupe LCD Soundsystem. Sur Losing my edge, l'Américain chantait, des pleurs dans la voix, sa crainte de ne plus être branché. Sur Daft Punk is playing at my house, il se muait au contraire en un ado surexcité et braillard, faisant littéralement sous lui à l'idée d'entendre les Daft Punk mixer dans son salon. Cet humour était d'autant bienvenu sur les dancefloors que, jusque-là, la scène électro était peu portée sur la blague. Mais le premier album qui s'ensuivit avait déçu. On pensait donc que l'histoire était pliée et que Murphy, ingénieur du son doué, allait retourner à ses studios, travaillant pour d'autres. Voici que LCD nous revient avec Sound of silver et l'affaire reprend de sa brillance. La couleur sonore n'a pas changé : même imbrication de sonorités chaudes et froides, du bois et du métal, des batteries et des synthétiseurs. Mais, bonne surprise, Murphy a appris à chanter, à moduler sa voix. Tour à tour lyrique façon Bono ou glacial façon David Byrne, il laisse tomber les vannes potaches pour s'épancher. North American Scum est une belle chanson énervée, un cri à la fois blessé et bravache, qui dit la difficulté (et la fierté) d'être américain aujourd'hui. Sur fond de piano, New York est une ode douce-amère à une ville devenue plus riche, plus sûre, plus ennuyeuse. Le clubber s'est décidé à écrire des chansons. (Télérama)


James Murphy fait partie d'une génération qui a appris par cœur les leçons de ses aînés. Une génération qui puise partout et synthétise tout ce qu'elle dévore. Ainsi, on pourrait croire qu'en 2007, écouter les Klaxons, qui ont créé un pont entre les raves et le rock, peut suffire et qu'il est du coup inutile de tendre l'oreille vers LCD Soundsystem. Ce serait une belle erreur, car, au-delà des apparences, James Murphy et son groupe conservent une aura dont peu d'artistes bénéficient. Une aura qui vient directement du talent de Murphy, et de son aptitude à fabriquer des morceaux légèrement monomaniaques mais qui, mis bout à bout, fonctionnent ensemble, comme une histoire bien narrée. Sound of Silver, son nouvel album, est en cela la continuation du précédent. James Murphy a eu la bonne idée de reprendre son travail là où il s'était arrêté précédemment et de le raffiner davantage. Le nouvel album de LCD Soundsystem possède un titre étrange, Sound of Silver. Plus qu'une abstraction, ce titre renvoie à une obsession de James, qui a tendance à classer les choses qu'il aime selon un critère très précis. Il les qualifie d' argentées' ou non, selon qu'elles lui plaisent ou pas. Surtout, Sound of Silver est habité par l'esprit de la ville de James Murphy, New York. Le dernier morceau de l'album, New York I Love You But You're Bringing Me down ( New York, je t'aime mais tu me déprimes'), est en cela explicite. Il s'agit d'une ballade un peu atypique, un peu jazzy, qui évoque l'esprit de Broadway plutôt que celui du Studio 54 ou du post-punk. Traversé par le fantôme de NYC, Sound of Silver marque peut-être le début d'une série de disques et d'œuvres qui parlent de la ville d'après le traumatisme du 11 Septembre, avec un air plus détaché, plus serein, mais toujours inquiet. Comme si, désormais, on ne pouvait plus danser sans arrière-pensées et que, malgré ses influences puisées dans le passé, la musique de LCD Soundsystem se dévoilait comme la bande-son tendue d'une époque dévastée, qui attend le départ de Bush avec une impatience grandissante. Une époque surtout où l'on ne sait plus s'amuser sans craindre d'exploser.

(Inrocks)


Sound Of Silver ? James Murphy est bien trop joufflu pour jouer au surfeur d'argent. L'homme qui a réveillé New York ne sera jamais un super héros, et ce deuxième album n'est toujours pas la tuerie que l'on est en droit d'attendre d'un groupe crédité d'un tel potentiel. Pour en accoucher, LCD Soundsystem semble avoir été moins à la peine que The Rapture et cela s'entend : Time To Get Away, Us Vs Them et Watch The Tapes qui s'épuisent sans convaincre, cela fait beaucoup. Ce n'est pas un Américain qui nous apprendra qu'on peut être cool et vulgaire à la fois, et c'est exactement la mission remplie par le décevant single North American Scum dans sa façon de désamorcer ses faiblesses en les nommant. Mais dès qu'il essaie de chanter plutôt que de hululer des slogans au douzième degré, James Murphy, cette personnalité certainement plus complexe que ce qu'elle parvient à en délivrer sur disque, distille des plaisirs faciles qui n'en sont pas moins en adéquation avec ses sympathiques approximations, entre désinvolture, complaisance et sens de la fête. Aux côtés du superbe et trottinant All My Friends, Someone Great est le sommet du disque, là où le gros bonhomme se laisse aller à l'émotivité et pense qu'il est vraiment Marc Almond. Le drame de Murphy réside peut-être dans une candeur impossible à affirmer dès lors qu'on produit de la musique en vue, qui plus est à New York. D'une monotonie parfois efficace à une ironie souvent gauche, Sound Of Silver ne résout que partiellement le problème. (Magic)
Deux ans après leur premier essai éponyme, c’est avec un immense plaisir que nous retrouvons la joyeuse troupe new-yorkaise de LCD Soundsystem pour ce second album atendu de pied ferme !Les ingrédients du premier opus sont là, mais le groupe ne tombe pas dans la répétition basique et facile, et livre au contraire un album de rock en argent massif tiraillé de toutes parts, où chaque morceau possède son éclat particulier : de la grosse et grasse basse funky de Time To Get Away aux apports discoïdes de Get Innocuous et Us Vs Them, du spatial Someone Great aux tubesques et énergétiques North American Scum et Watch The Tapes. On retient également le sublimissime et émouvant All My Friends et le non moins touchant New York I Love You But You’re Bringing Me Down. Enfin, on reste épostouflé par la surprenante et magistrale fusion de Sound Of Silver, débutant sur un timbre cold wave et qui dévie progressivement vers une techno minimale inspirée de l’écurie M-nus d’un autre nord-américain : Richie Hawtin.Toujours grandement mené par le parlé et le phrasé de son charismatique leader James Murphy, ce "Sound Of Silver" se révèle incroyablement riche, rythmiquement et mélodiquement, et regorge de trouvailles sonores. C’est donc un album complet, dont l’écoute est aussi jouissive sur disque que sur scène.  Aucun doute, il faudra compter sur ce disque pour le titre de meilleur album de l'année 2007. (indiepoprock)
Avec le recul, on s’est peut-être montrés un peu durs avec le premier album éponyme de LCD Soundsystem, cette référence alors très attendue qui se révélait extrêmement efficace sur sa première moitié pour quelque peu s’essouffler ensuite. Si ce n’est un manque évident d’homogénéité, peut-être avons-nous été trop impatients, ce disque gagnant en goût au fur et à mesure que les mois ont passé. Au point qu’il reste encore aujourd’hui, ne serait-ce que pour quelques-uns de ses titres, un opus obligatoire. Cette impression mitigée n’aura donc clairement pas desservie l’accueil d’un second disque de la troupe de James Murphy, finalement assez originale, efficace, et intemporelle pour résister aux modes musicales, alors que beaucoup d’eau a coulé sous les ponts ces deux dernières années. Soyons clairs, à moins que vous ne soyez définitivement pas familiers avec l’univers de ce groupe new yorkais, “Sound Of Silver” ne vous décevra pas. Déjà, parce qu’il ne vous dépaysera pas. Non pas que LCD Soundsystem n’ait pas évolué ni perdu de sa forte identité. Il est maintenant légèrement plus complexe, et prend quelques risques appréciables, notamment dans le chant, un exercice ou Murphy avoue pourtant ne pas se sentir à son aise. Bien lui en a pris pense t-on à l’écoute du surprenant final “New York I Love You”, ballade mélancolique touchante d’abord emmenée par un piano pour monter progressivement vers un éclatant morceau de rock. Ces montées en intensité justement, élément incontournable de la musique de LCD Soundsystem, justifiant à elles seules le terme “body music” employé par Murphy lui-même quand on lui demande de la qualifier. Ce sont elles (sur “Get Innocuous” notamment), poussées par la répétition, une basse au groove puissant (que le groupe partage d’ailleurs avec !!!), et des rythmiques addictives qui ne vous laissent pas d’autre choix que de vous laisser aller (”Watch The Tapes”), qui font de ce “Sound Of Silver” un disque parfaitement homogène, qu’on enquille de la première à la dernière note, et qu’on se ressert sans modération une fois transformés en batterie de piles Duracell flambant neuves. Il faut bien avouer qu’il est quand même difficile de voir son capital énergie descendre en flèche à l’écoute de titres aussi communicatifs que le funky “Time To Get Away”, l’énorme single “North American Scum”, le généreux “All My Friends”, ou le plus électro “Sound Of Silver”. LCD Soundsystem est donc désormais au top de sa forme. “Sound Of Silver” semble enrichi par les erreurs du passé, et souligne un registre qui a désormais atteint un rythme de croisière difficilement atteignable par ceux qui pourraient, par opportunisme mais avec beaucoup moins de talent, tenter de suivre cette voie impeccablement tracée. Grâce à la volonté de prendre des risques, d’avancer, et de ne pas systématiquement s’auto plagier, LCD Soundsystem, tout comme !!! et leur “Myth Takes“, possède maintenant quelques longueurs d’avance bien confortables. Et n’ayons pas peur de clamer cela bien fort, car pour James Murphy, les lauriers ne sont pas faits pour se reposer.. (mowno)

La voilà la révolution de l’internet : un album qui ne devait sortir qu’en mars, mais que presque tout un chacun s’est déjà procuré sur le web et qui a déjà fait office d’un sacré buzz avant sa sortie officielle. Si ce n’est pas la fin des médias traditionnels ça, on ne sait trop ce que c’est... On a longtemps hésité à parler de l’album ainsi, à l’avance, au grand dam non pas du label, mais de l’artiste lui-même, car on pourrait qualifier la manoeuvre d’incitation au téléchargement illicite. On a préféré attendre, mais force est de constater que l’on est vite passé de la théorie à la pratique en ce qui concerne le web. Quitte à paraître has been... Ne tournons pas autour du pot : le dernier LCD Soundsystem est bon, très bon même. Ceux qui ont été conquis par la bombe larguée par James Murphy en 2005 le seront tout autant , voire plus par celle-ci. Au menu, encore et toujours tout ce qui fait qu’on aime le new-yorkais, manager du label DFA (The Rapture), porte-drapeau de tout ce renouvellement punk dance made in big apple, mélange de dance et d’esprit foutraque, collant à la perfection à notre époque tourmentée... On a envie de se bouger les fesses tout en battant la cadence énervée des titres dansants... On a envie de sourire... On aime écouter l’album en faisant quelque chose, mais aussi en ne foutant rien. Et plus on l’écoute, plus on accroche. Les ballades sont elles aussi toujours de la partie, et évoquent encore une fois le Pink Floyd de l’époque Meddle ("New York I love you"). Pour les autres références, on citera en vrac Kraftwerk, Talking Heads, The Fall, David Bowie, Queens of the Stone Age ("Watch the tapes"), Heaven 17 et même Madonna (premier album), c’est dire s’il est varié. Ici, chez Pinkushion, on l’écoute quasi non-stop et on parie les yeux fermés sur sa présence dans les tops de l’année 2007. On retiendra la consistance de l’œuvre, qui semble bien mieux tenir en un tout et avoir un sens en tant que tel. (pinkushion)
bisca
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Ma vinylothèque

Créée

le 4 avr. 2022

Critique lue 13 fois

bisca

Écrit par

Critique lue 13 fois

D'autres avis sur Sound of Silver

Sound of Silver
Isaak
10

New York, I Love You but You’re Bringing Me Down

Quelques années en arrière, j'achetais encore précieusement l'un des derniers piliers de la BoboSphère. Oui vous savez, ce journal adulant les gesticulations de cette chère Christine and The Queens...

le 7 sept. 2015

13 j'aime

Sound of Silver
Red_in_the_Grey
8

I'm stunned, it's not raining. The coffee isn't even bitter.

J’ai toujours trouvé que la musique de LCD Soundsystem était parfaitement adaptée aux grandes villes modernes. Le groupe vient de New York, mais quiconque aura vécu à Londres ou Berlin, par exemple,...

le 8 sept. 2017

5 j'aime

Du même critique

Le Moujik et sa femme
bisca
7

Critique de Le Moujik et sa femme par bisca

Avec le temps, on a fini par préférer ses interviews à ses albums, ses albums à ses concerts et ses concerts à ses albums live. Et on ne croit plus, non plus, tout ce qu'il débite. On a pris sa...

le 5 avr. 2022

3 j'aime

Santa Monica ’72 (Live)
bisca
7

Critique de Santa Monica ’72 (Live) par bisca

Ça commence avec la voix du type de KMET, la radio de Santa Monica qui enregistre et diffuse ce concert de Bowie, le 20 octobre 1972. « Allez hop on va rejoindre David Bowie qui commence son concert...

le 27 févr. 2022

3 j'aime

Hiding In Plain Sight
bisca
8

Critique de Hiding In Plain Sight par bisca

Il commence sur le tard après des années de relation inexistante avec la musique. Michael Collins – le fondateur et principal auteur de Drugdealer – n’a jamais joué d’un instrument ou encore reçu une...

le 16 oct. 2023

2 j'aime