J'écris cette critique en même temps que j'écoute cet album. À vrai dire, j'en suis seulement à ma quatrième écoute.


Une première écoute, c'est le point de départ, les premières sensations, les premières impressions. Pour tout dire, à la première écoute, j'ai été un petit peu décontenancé. Pour mieux faire la transition, j'avais au préalable écouté Kendrick Lamar EP, Overly Dedicated, Section.80 et bien évidemment Good Kid Maad City. Le style change, on sent de nombreuses influences dans sa musique, un petit côté West Coast présent mais pas trop, beaucoup d'inspirations funk, jazz et des courants musicaux afro-américains des années 70.


Nous sommes donc ici loin d'un album "bankable", avec les instrus made in Dre. du précédent album (mais qui collaient parfaitement il faut l'avouer). K-Dot joue la carte innovation. Une de mes peurs avaient été que ce rappeur bascule dans le commercial total après ses collaborations avec Dre, mais Kendrick a la tête bien posée sur ses épaules. Il a compris que beaucoup d'entres nous étions prêts à écouter de vrais paroles et non des beuglements "modafucka nigga", cassdédi à feu Lil Wayne devenu un espèce d'asticot anorexique camé depuis.


Il faut dire qu'il nous a bien fait languir le Kendrick, 3 ans sans album tout de même. Jusqu'à l'apparition soudaine de ce "i" à la fin de l'été dernier. Une chanson sympa mais que je trouvais en dessous de ce qui avait été fait précédemment, la voix de Kendrick me paraissait bizarre. Puis il reçoit un grammy pour cette chanson. Grammy qu'il aurait largement dû emporter pour GKMC mais qui est revenu dans les mains de Macklemore pour son "The Heist". Album néanmoins aussi très bon, oui, Macklemore faisait déjà de bonnes choses avant que la plupart des gens le connaissent (et pour des titres déjà sortis depuis 2, 3 ans à l'image de Can't Hold Us). Je me suis dit que si l'album allait être un peu dans ce style je risquais d'être déçu.


Puis est apparu il y a un mois environ "The Blacker The Berry", titre d'une puissance infinie et faisant écho à l'assassinat déguisé en bavure de Trayvon Martin en 2012 ainsi qu'aux autres crimes déguisés ayant secoué les USA ces dernières années. Kendrick Lamar s'impose sur la chanson, c'est incroyable comme il peut rapper d'autant de manières différentes. Une fois le teasing terminé, on apprend la date de sortie : 23 mars. Seul The Blacker the Berry est "officiellement" dans l'album. C'est donc la grande inconnue : à quoi doit-on s'attendre ?


Et puis, parce qu'il ne fait rien comme les autres, on a pu finalement goûter à cet album une semaine à l'avance.


Nous voilà donc en face de cet album. je n'ai pas encore eu le loisir d'analyser les sons en détails, leurs significations, leurs traductions et interprétations, je vais donc parler ici du ressenti musical et de cette fameuse innovation :


Wesley's Theory met directement dans l'ambiance, on démarre sur un mélange très spécial, je ne saurais même pas dire ce que c'est, de la soul, de la house, en tout cas c'est très sympa à écouter et ça change totalement de Good Kid Maad City.


Vient l'Interlude "For Free ?", sur des instruments très à la mode dans les années 70, peut-être même 50. Interlude court pour mieux enchaîner sur l'un des morceaux incontournable de cet album : King Kunta. Le rythme est très prenant et va crescendo. Nul doute que ce morceau ressortira souvent quand on demandera dans le futur un morceau qui ressort de cet album.


Institutionalized. Ce morceau me rappelle grandement les morceaux de son EP sortie vers 2009 (que je recommande vivement par ailleurs). Morceau très reposant, je crois que c'est aussi ce que l'on aime chez Lamar, il y a des morceaux plus relaxants qu'un titre de reggae,


These Walls, un morceau sensuel à l'écoute. très agréable à écouter. KL a vraiment un don pour ce genre de musiques.


Puis il y a "u", le genre de chanson qui montre qu'il est capable de tout chanter, sa voix change sans cesse dans la musique relativement aux paroles. Là-aussi on retrouve beaucoup d'instruments traditionnels et une composition similaire à The Art of Peer Pressure, en deux parties.


Alright, je ne sais pas trop quoi penser de cette chanson. Désolé.


Un petit peu pressé par les évènements, je résume la fin de l'album. Hood Politics est excellent et m'a particulièrement marqué. The Blacker the Berry est évidemment incontournable. La version de "i" est bien meilleure que celle sortie à l'automne dernier. Et il y a, il y a cette réalisation... pfouuuuu, Mortal Man, dernier titre de l'album, 12:07. Quand j'avais vu cette durée je m'attendais à un titre magistral du même acabit que Sing About Me, mais là aussi j'ai été étonné. Il y a la première partie musique très réussie, et un dialogue s'entame entre Kendrick et... un certain Tupac Shakur. Un dialogue qui va durer à peu près 08 minutes. Vu mon faible niveau d'anglais, j'attends vite la traduction complète et fidèle de ce dialogue.


Au fait, dur de ne pas remarquer le parallèle entre les deux interludes dans le titre. Ainsi que "u" et "i". J'espère y revenir dans une autre partie, je découvre ce site et j'ignore si l'on peut modifier nos critiques une fois celles-ci publiées. Bref bref bref.


Celui que l'on va bientôt abréger sous "TPAB" est une bombe en devenir. Vous l'écoutez la première fois, vous êtes un petit peu sans repère, vous ne savez pas trop quoi en penser. Puis vous avez la bonne idée de l'écouter à nouveau, et ces magnifiques sensations musicales rentrent peu à peu en vous. Cet album est parti pour devenir un classique. Je m'avance peut-être un petit peu, l'avenir y répondra.


Il y a tant de choses sur lequel j'aurais aimé revenir, les collaborations, la pochette de l'album, son titre, la signification de chacune de ses chansons. J'espère y revenir. Vous avez donc ici l'impression d'un type comme vous (ceci dit vous êtes peut être bilingue). Qui a écouté l'album 4 fois sans comprendre, en bon français inculte, la signification des paroles. Il me tarde de découvrir tout ce qu'il y a de bon à découvrir dans cet album qui s'élève au dessus de tout le "rap game" si on peut dire ça en cette année 2015. King Kendrick.


Enfin, même si c'est peut-être un petit peu stupide et que l'on peut légitimement m'accuser de tirer sur une ambulance, de tout mélanger, de faire un HS, je me sens obligé d'en parler : non Booba, contrairement à ce que tu affirmes dans une interview aux Inrocks, un rappeur peut réussir sans vocoder. Il peut aussi l'utiliser à bon escient comme Kendrick l'a fait dans cet album et comme Kanye West l'avait également démontré dans "808s & Heartbreak". Mais Mr Booba préfère écouter "son instinct" qui lui permet d'être toujours au top du "rap game", maintenant j'aimerais bien savoir la différence de profil entre ceux qui ont acheté Temps Mort ou Mauvais Œil et ceux qui vont acheter D.U.C.


C'était le petit HS, encore bravo Kendrick, tu as tout pour avoir ta place parmi les plus grands et tu l'as, une fois de plus, démontré.

Trístan_Pereira
7

Créée

le 19 mars 2015

Critique lue 963 fois

3 j'aime

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3

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