1975-1976 - X-Men : L'Intégrale, tome 1 par arnonaud

La lecture récente du Astonishing X-Men de Joss Whedon et John Cassaday m'a donné envie de lire cette première intégrale des X-Men de Claremont qui traînait chez moi depuis quasiment un an (!). Et je dois dire que je n'ai pas été déçu !
Comme d'hab' avec les intégrales, il faut aimer les super-héros old-school, mais là on a franchement de la qualité dans ce genre là. Le seul problème de ces débuts des X-Men sont les menaces, surtout dans les premiers numéros, où l'on se paye des vilains jetables tous pourris puisqu'il faut une baston par épisode. Du coup on a le droit au comte Nefaria et ses terribles Ani-Men, à l'effrayant Eric le rouge, ou encore à ce démon sorti de nulle part, Kierrok le Maudit (qui heureusement repart rapidement).
C'est un problème régulier des comics de super-héros des années 70 (on retrouve ça aussi chez les Avengers). Les auteurs font leur petites intrigues tranquillement, développent les personnages, font avancer les fils rouges, mais en attendant, il faut la baston du numéro, du coup ils nous sortent des menaces bidons pour que le lecteur ait sa dose.

Heureusement, Claremont ruse déjà un peu en faisant régulièrement des bastons plus importantes étalées sur deux numéros. Notamment ici face aux terribles Sentinelles, l'un des temps forts de l'intégrale, avec le terrible Dr. Steven Lang derrière tout ça, qui vout une haine sans limite vis à vis des mutants. Le combat face au Juggernaut qui commence en fin d'intégrale est sympa aussi, puisque les nouveaux X-Men sont livrés à eux-même et doivent faire leurs preuves loin des Cyclope, Pr.Xavier et autres Jean Grey. Même si, comme souvent dans cette première année, le sel des épisodes n'est pas que dans les affrontements mais aussi ce qu'il y a autour.

La grande force des ces nouveaux X-Men est d'être composée de personnages variés et rapidement attachants. Les créations de Len Wein et Dave Cockrum sont vraiments iconiques, et ont une belle diversité de caractères, d'origines, de pouvoirs, tout en restant toujours assez optimistes. Il y a un esprit d'équipe qui marche vraiment instantanément. Tornade sort d'ailleurs pas mal son épingle du jeu, en bonne représentante des femmes fortes dans les comics. C'est pas l'invisible des 4F, clairement, et ça fait plaisir de la voir toujours foncer dans la bagarre et être la plus puissante des nouveaux mutants. En plus on a un aperçu de son passé dans cette intégrale, et en 5 secondes, on a envie de lire une série entière consacrée à son passé (ça tombe bien, ça existe, mais pas écrit par Claremont, malheureusement).

Et Claremont, en bon jeune auteur des années 70, suit la vague des comics un peu plus sombres, où l'on aborde des sujets un peu plus durs, comme ici la mort d'un coéquipier (et même de deux coéquipiers...), la difficulté qu'à Scott à assumer cet échec, les vagues de violence anti-mutants, le traumatisme de Storm. L'air de rien, on sort de la naïveté classique de l'âge d'argent et ça fait du bien, ça nourrit de manière intéressante l'histoire et les personnages, ça rend ça un peu plus crédible (toutes proportions gardées, bien entendu) et attachant. Pareil pour les petits passages de vie quotidienne de début d'épisodes.

Dès cette première intégrale, on voit que Chris Claremont n'est pas un mauvais auteur et il y a déjà une bonne alchimie entre personnages intéressants, vie quotidienne, ennemis bariolés, moments plus durs, affrontements intenses et les petites intrigues en fil rouge. Le scénariste y développe des choses intéressantes sur les mutants et est bien aidé par le trait puissant, élégant et dynamique de Cockrum.

En plus, ça se termine sur un cliff de fin qui donne envie de lire au plus vite l'intégrale de 1977.