Faut-il le rappeler ? Urasawa le plus grand mangaka actuel ? Bien évidemment, on ne cessera jamais de le répéter.


Il faut bien avouer qu'Urasawa tout en étant un grand, et je ne veux pas par là emberlificoter ses détracteurs qui semblent rester dans l'incompréhension totale de ce qu'est l'art de l'image, écrit des scénario tarabiscotés au possible pour tomber à plat dans les moments les plus tendus et attendus.


20th Century Boys se vautre donc assez puissamment dans sa seconde partie avec un coup de théâtre grotesque tentant tant bien que mal de relancer l'intrigue et même si celle-ci n'atteindra jamais le niveau de ce qui avait été initié jusque là, elle confère néanmoins de beaux moments.


Le final tombe également à plat aux vues de ce qui avait été présenté précédemment mais on s'y attendait presque. Ce n'est pas vraiment d'un point de vue scénaristique que je veux aborder la question du bonhomme - quoique l'on puisse faire une analyse assez poussée de ce côté avec des notions platoniciennes (copie de la copie de la copie nous dit-on) ou tout simplement une mise en abîme de l'auteur à travers différents personnages ainsi qu'une ode à sa jeunesse, ses rêves de gosses et l'époque dans laquelle il les a vécus qui, parce que Urasawa n'a rien perdu de son âme d'enfant, donnent un cachet tout du moins subtilement mélancolique ou a fortiori emphatiquement nostalgique.


Et j'emploie le terme d'emphase dans son acception rhétorique, parce qu'une grande partie du travail d'Urasawa réside dans sa manière de narrer, d'étirer le temps, de superposer - et j’admets l'artificialité du procédé - les évènements pour accentuer leur potentiel épique.


L'artificialité ainsi énoncée peut déranger par instants. Je repense à Monster où le découpage ne cessait d'être reproduit d'un chapitre à l'autre. Mais il atteint toujours ce moment où l'émotion prédomine la narration même si c'est parfois pour retomber avec une certaine déception sur un cliffhanger ou un résolution en-deçà des attentes suscitées.


Dans 20th Century Boys, le sens du découpage est certainement plus diversifié que dans Monster. Certaines planches sont tout bonnement magnifiques - je ne reviendrai pas ici sur le trait si singulier d'Urasawa et sa gestion de la lumière - et s'en dégage une rythmique viscérale et implacable. Le bougre s'est clairement amélioré depuis Master Keaton (la plus ancienne de ses œuvres que j'ai pu feuilleter).


Si finalement je n'ai pas autant apprécié cette série que Monster c'est parce que d'une part il n'a pas réussit à me flanquer la chair de poule au point de jeter mon livre en pleine lecture nocturne, bien qu'il n'était pas loin lorsque les protagonistes se retrouvent tous dans l'école de leur enfance. Et à cause de son scénario bien trop capillotracté pour pleinement convaincre. Toutefois je ne taris pas d'éloge quant à cette série qui est pour le moins impressionnante dans sa maîtrise visuelle et ne doit jamais nous faire oublier qu'Urasawa est avant tout un excellent metteur en scène à défaut d'être génial sur tous les fronts.

Rubedo
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le 8 mai 2016

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