Akira par benton

Akira est un manga impressionnant par son dynamisme, sa maîtrise infaillible de l'action, et son art de la narration par le dessin (c'est le principe de toute bande dessinée, mais Akira est celle qui m'a la plus cloué sur ce point, car tout ou presque passe par le dessin, le sens du détail, les cadrages, le mouvement, les plans vertigineux ; les dialogues étant peu nombreux et jamais très touffus).

Il se passe beaucoup de choses en peu de pages, on n'a pas le temps de s'embêter tant les évènements s'enchaînent à une vitesse folle, avec un subtil crescendo dans le suspens, la tension et la progression des personnages. Tetsuo est fascinant, sa personnalité instable est magnifiquement bien rendue, à la fois fragile et terrifiante. Akira demeure quant à lui éternellement mystérieux.

L'histoire évolue constamment sur le fil du rasoir, proposant une vision du monde au bord de l'apocalypse. Dans quelle mesure la puissance incontrôlable d'une bombe nucléaire humaine peut-elle être contenue, et comment ? Malheureusement, cette question si passionnante n'a pas vraiment de réponse car l'histoire finit un peu en queue de poisson. On a l'impression que l'auteur n'avait plus d'idées pour maîtriser la propre puissance débordante de ses personnages.

Du coup, l'histoire laisse de côté l'évolution intéressante des personnages ainsi que l'atmosphère urbaine et roots, pour conclure sur des scènes trop new age (Kei perd tout son caractère et toute sa saveur quand elle devient l'instrument de Lady Miyako) et trop vite expédiées à mon goût (la résolution finale tombe presque comme un cheveu sur la soupe, sans explication, sans justification, au point qu'il est difficile de comprendre pourquoi le manga se nomme Akira).

Le manga met des éléments intéressants en place mais il n'en profite pas tellement au final. On attend des révélations qui ne viennent jamais. Mais la série n'en demeure pas moins brillante pour son atmosphère, la cohérence de l'univers, son design, et son action incessante. Disons que cela aurait pu être énorme, alors que c'est juste très bien.