Alias, c’est le nom de l’agence de détective tenue par Jessica Jones. Elle y bosse seule. Jessica ne fait pas un boulot facile mais elle se débrouille assez bien.
Alias, private investigations
Dès les premiers instants nous est présentée sa particularité : Jessica Jones est une ancienne super-héroïne. Elle est dotée de super-pouvoirs. A une époque, comme plein d’autres comme elle, elle avait un nom un peu ringard cachant son identité secrète et un costume moulant et flashy ; sauf que cette période, c’est du passé. Jessica Jones ne veut plus en entendre parler, mais les auteurs ne se priveront pas de faire remonter ce passé à la surface.
Jessica se débrouille comme elle peut, enquêtant sur des histoires d’adultères, de gamine fugueuse. Elle accepte même de bosser pour l’ignoble patron du Daily Buggle, Jonah J. Jameson, mais elle le fait à sa façon, elle n’est pas stupide.
Du Marvel, loin de Marvel
La BD se situe donc dans l’univers Marvel. C’est un petit bout de cet univers, loin des fastes d’un Tony Starck. C’est un univers voulu moins reluisant. Avec son boulot de détective new-yorkaise, elle se retrouve trop souvent dans des affaires assez glauques, et comme par hasard, cela implique souvent des super-héros.
Alias, c’est avant tout Jessica Jones ; une héroïne (anti-héroïne ?) comme on en a rarement vu dans l’univers des comics. Loin d’être un personnage stéréotypé et monolithique, elle dévoile sa riche personnalité page après page. C’est une femme brillante, obstinée, peu sûr d’elle par moments, et assez poissarde. Il lui arrive de trop boire, il lui arrive aussi de coucher avec des mecs de passage, bref, elle est vraiment humaine, complexe, réaliste.
Les super-pouvoirs ne sont quasiment pas évoqués dans cette série ; généralement cela apporte toujours des galères à Jessica quand elle en fait usage. Les super-héros sont présents en filigrane, et souvent dans des contre-emplois. Parfois il est question de héros assez mineurs de l’univers Marvel, ou moins connus du grand public comme Ant-man, Spider Woman, Dazzler ou encore Speedball.
Des auteurs chevronnés
Les scenarii sont béton. Brian Michael Bendis (Old Man Logan, Les Héros de la galaxie, Sam & Twitch) nous fait vivre de l’intérieur la vie peu séduisante d’une détective cherchant à faire du bon boulot, tout en voulant éviter les embrouilles, sans toutefois toujours y arriver.
Michael Gaydos (Gardiens de la Galaxie, Powers, et tellement d'autres) nous livre des dessins très typés, loin du style super-héros. C’est furieusement réaliste avec un gros travail de mise en page (répétitions d’images, travellings, zooms). On ne trouvera pas de fan-service avec des poses sexy irréalistes, ou encore des proportions grotesques. Jessica Jones est une femme ordinaire juste attachante.
Les auteurs orientent quand même leur histoire vers un affrontement avec un super-vilain, Nemesis attitrée de Jessica.
Cette série fut la première publiée sous le label Marvel Max. Ce label adulte rend possible l’écriture d’histoires très réalistes où les gens jurent, où ils s’envoient en l’air, et où il n’y a pas tant de combats que cela.
Un succès qui permet d'étendre cet univers
Années après années, Alias a acquis une notoriété suffisante pour que les medias s’y intéressent. Ainsi est apparue la série Jessica Jones sur Netflix. Brian Michael Bendis est un des scénaristes. Au passage, cela a permis de rééditer le comic en version plus luxueuse, réunissant les 5 volumes d’origine en 2 grands. C’est une bonne occasion de redécouvrir cette série mature et brillante.
Jessica Jones poursuite son histoire dans une autre série Marvel plus grand public avec les même auteurs aux commandes : The pulse, adieu les gros mots et le sexe donc.
Une dernière chose, les couvertures sont des merveilles de créativité, brassant les techniques, les styles. Elles complètent à la perfection cette oeuvre atypique. Voila quelques exemples.