La nuit, tout les chats sont... jaunes ?

Ah, j'en avais, des espoirs, pour ce nouveau tome ! J'étais prêt à pardonner toutes les faiblesses du quatrième : dessin trop "cartoonesque", manque d'enjeux, scénario bancal, bizarre admiration pour la Nouvelle Orléans donnant parfois lieux à du bon gros vaudeville... et à les considérer comme une sorte de "vacances" des auteurs, pour sortir un peu du sérieux habituel de la série. Un épisode spécial noël, en somme.
En fait, il semblerait que j'ai donné dans le panneau... Les auteurs semblent vraiment avoir pris une direction différentes par rapport à leurs anciennes œuvres, et le résultat n'est pas vraiment à la hauteur.
Le dessin, tout d'abord. On reste dans le très bon. La plupart des personnages n'ont plus l'air d'être des looney toons, comme dans le volume précédent, et il y a de très bonnes idées d’anthropomorphisme, comme l'ours clown ( brrr... ) ou le perroquet multicolore raciste. Par contre, le trait est beaucoup plus brouillon, moins net, et les couleurs plus falotes, atténuées. On reconnait la performance, mais on est moins épaté.
Le scénario, ensuite. Là, le problème est évident :il ne commence jamais vraiment. Blacksad se promène, pendant ce temps, quelqu'un dont nous nous moquons éperdument fait des choses. Ceci ferait une très bonne entrée en matière. Mais ça fait une bien faible moitié d'album. Le héros, de fait, a l'air complètement à côté de la plaque, comme si on ne l'avait pas prévenu que la série avait repris. Il se contente d'être le témoin plus ou moins actif des aventures décousues et grossièrement initiatrices de Chad, nouveau personnage qu'on ne reverra plus et pas spécialement attachant, faute de personnalité solide ( je serais bien en peine de le qualifier de chic type ou de psychopathe ). Avec deux méchants comiques aux motivations obscures ( tant qu'à reprendre des personnages, pourquoi eux ? Et pourquoi les rendre ridicules s'ils sont censés être les antagonistes principaux de ce tome ? ) et un avocat que je soupçonne d'être un peu inspiré par Saul Goodman, Blacksad passe complètement au second plan, à peu près aussi utile que le sheriff de "No Country for Old Man". Intrigue qui peine à trouver un démarrage et un rythme, dénouement paresseux, rien de bien folichon sous le soleil ( jaune ).
L'ambiance, enfin. Qu'est ce qui s'est passé pour que du "très sombre" on soit passé au "rose paillette" ? Blacksad est désormais un optimiste béat et ouvert à tous, qui croise de gentils motards, de gentils avocats, de gentils millionnaires... Ma parole, qu'est ce qui est arrivé à tous les salauds des trois premiers tomes ? L'amérique serait elle devenu le paradis sans que personne ne prévienne ? Pourquoi le héros ne semble pas se souvenir de toutes la philosophie misanthrope qu'il professait avant, et que rien n'est venu contredire avant cette entrée au pays de Oui-Oui ? Le comble est surement atteint avec la fin toute en guimauve, avec un avocat professant la joie de vivre en sermonnant et un Chad plein d'une nouvelle pensée généreuse et adulte... Qui tombent hélas comme des cheveux sur la soupe. Même le design de Blacksad en devient pelucheux mignon, au niveau du cou. Les dialogues, à part ces accès mièvres, restent bons et le road trip est assez agréable à suivre.
Après, quelques bonnes idées... La soeur du héros, un avocat rigolo, une escale au cirque qui aurait gagnée à être développée... Mais ils ne parviennent pas à redresser l'album au niveau de référence d'antan, le deux et le trois étant de véritables réussites de scénario efficaces et de personnages profonds. A garder pour les dessins, et pour la série des Blacksad, dont on espère toujours qu'elle se retrouvera le brio de son apogée.
Kevan
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le 29 nov. 2013

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Kevan

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