Pour sa trente-cinquième parution, Astérix change de papa. Uderzo laisse la place à Jean-Yves Ferri à la plume et à Didier Conrad au crayon. Le nouveau duo d'auteur doit convaincre et ceci n'est pas une tâche facile. Ils doivent d'une part montré qu'ils peuvent faire redémarrer la machine gauloise après de nombreux échecs, faire oublier les errances d'Uderzo et en même temps légitimiser cet héritage qui peut apparaître comme encombrant. Mais à coeur vaillant rien d'impossible !

Le duo décide de la jouer finement et de prendre la recette créée par Goscinny du "voyage à l'étranger". Depuis 1987, Astérix et Obélix n'avaient pas été visité un pays. Ferri propose l'écosse, une terre suffisamment proche et avec des coutumes assez spécifiques pour permettre de remettre en place tout l'humour à la Goscinny. Les calembours, les références, les anachronismes, tout y est et c'est assez amusant.
Globalement on a le schéma normal : un étranger arrive dans le village (Mac Oloch) et va avoir besoin de l'aide d'Astérix et d'Obélix pour rentrer chez lui (l'Ecosse). Sur place, son terrible ennemi tente de lui nuire (Mac Abbeh) et de faire du mal à son peuple (les pictes). Cet ennemi a poussé le mal jusqu'à s'allier aux romains. Cependant, Astérix et Obélix vont remettre plus d'égalité et grâce à l'amitié et à une union entre les héros, les "méchants" seront repoussés et un banquet final fêtera le retour des héros.
On ajoutera également les ingrédients habituels : des bagarres dans le village, Astérix et Obélix qui se disputent, Obélix qui ne comprend pas toujours très bien les choses.

Globalement, les auteurs se sont voulus très respectueux dans le traitement et honnêtement ça passe. On se prend à sourire pour plusieurs blagues même si l'humour est très présent, largement plus que sous Uderzo. Mais il y a un côté très crispé. On sent presque une peur d'échouer. Du coup, le tome n'est, malgré tout, que très moyennement réussi.
L'intrigue est bien mené mais l'humour est parfois un peu lourd. La maîtrise des personnages laisse à désirer. Obélix, par exemple, apparaît plus comme un idiot qu'autre chose. Le combat contre les pirates est totalement gratuit de son côté. Les Pictes sont un peuple intéressant mais la proximité avec les Bretons empêche Ferri de se lacher totalement, de crainte de plagier Goscinny.
Ajoutons qu'au niveau du dessin, si c'est globalement réussi, les femmes du village sont pas franchement comme avant. Madame Ajecanonix est même franchement différente. Un nouveau design dans l'avenir ?

L'aventure est conventionnelle et assez peu captivante. On peut le dire, ce tome est plutôt moyen, et sera dans les "ratés d'Astérix". Cependant, on sent qu'il s'agit là de la première incursion dans ce monde d'un nouveau duo d'auteurs, que leur but est de rassurer le lectorat et c'est chose faite.
J'attends maintenant avec impatience de lire le trente-sixième tome qui sera, je le pense, une belle réussite !
mavhoc
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le 30 oct. 2014

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mavhoc

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