Disclaimer : Cette critique a été à l'origine écrite pour radio campus à Grenoble.
Le Fléau de Dieu, Une aventure rocambolesque d'Attila le Hun est un titre à rallonge, certes, mais cela permet bien de montrer son appartenance à une série de bande dessinée, à savoir « Une aventure rocambolesque de... » crée par Manu Larcenet. Cette série nous propose de voir des personnages connus le temps d'un album et d'en faire un légère étude sous un angle ou un autre. Dans cette série sont déjà passés plusieurs personnages, réels ou fictionnels, tel Sigmund Freud, Robin des Bois, Vincent Van Gogh ou encore le soldat inconnu. Et, bien sûr, Attila, qui est le sujet de cette critique.
Le Fléau de Dieu est un titre bien choisi pour cette œuvre : en plus de faire un joli clin d'oeil au film de 1954 « Attila, fléau de Dieu », il résume assez bien le sujet de ce tome. Pour faire court, nous sommes en 451, et Attila arrive … En Beauce, le dernier endroit du monde qu'il lui reste à conquérir. Après une bataille relativement rapide du fait du manque de population de la Beauce, Attila a donc conquis l'ensemble du monde alors connu ; néanmoins, il ne ressent rien de particulier une fois son œuvre parachevée. Pire, il se sent plutôt mal, il est même, selon un de ses médecins, atteint de dépression. Attila s'éloigne donc de sa horde barbare, qui est elle plutôt mécontente de son chef qui se montre faible, et apprend qu'il est devenu, par volonté divine, immortel, afin qu'il ait, comme il le souhaitait un destin grandiose. Commence alors pour Attila, chef barbare des Huns, une quête pour trouver Dieu et réclamer Justice de la seule façon qu'il connaisse : la Force. Ainsi, au niveau du titre, Atila n'est plus lui-même le fléau des dieux comme le veut la tradition, mais c'est lui qui le subit plutôt.
Ce tome, le troisième de la série, est le premier où Manu Larcenet ne participe pas au dessin du tout et où Daniel Casanave est le dessinateur : Plutôt que de suivre son propre style, le dessinateur tente de copier le style de Larcenet, et parvient à en rendre une assez bonne copie, mais qui n'égale pas tout à fait l'original. Le scénario change un peu au fil du tome, passant pendant la première partie à une sorte de parodie potache pour finir dans un second temps vers une réflexion plus profonde, presque philosophique sur le but de la vie. L'histoire, d'ailleurs, est peut-être un peu trop compressée, et aurait bien gagné à voir son intrigue s'étaler sur plus de pages, voir à être accompagné d'un deuxième tome.
Attilla dans ce tome, cherche à mourir une fois devenu immortel, accompagné d'un vieux barbare fatigué, Ratko, voilà un tome qui nous permet de concevoir l'immortalité punitive d'un homme qui ne veut plus vivre après avoir atteint des sommets.