Le premier album d’un triptyque, comme disent les auteurs, un album qui ne se suffit vraiment pas tout seul, dont la lecture nécessite donc impérativement celle des deux suivants, ce qui est un peu dommage, car les clefs de compréhension, utiles et agréables, arrivent peut-être un peu tard, laissant ainsi à un lecteur peu tenace la possibilité d’abandonner la lecture de façon prématurée.


D’autant plus que le dessin, classique, peut apparaître un peu terne, comme les couleurs, un dessin peu attractif qui ne me fait pas rêver. Le travail graphique de Tito nous transcrit toutefois avec justesse l’ambiance de ce début d’années 80 en Belgique, où ressurgirait l’extrême-droite.


L’intérêt principal de la série se trouve en effet dans le récit, et le titre est à cet égard intéressant. Il n’y a là aucune révélation, Jaunes n’est pas une référence à la couleur mais au nom du personnage principal. On sait que le nom que l’on donne à des personnages n’est pas toujours insignifiant, et lorsqu’on connait un peu Tito et surtout Bucquoy, on sait que ce n’est pas neutre. Je ne dirai pas tout sur la signification du titre, mais Daniel Jaunes est un flic un peu perdu mais un flic quand même donc a priori du côté du manche. Il est sans doute aussi « Jaunes » car malade d’un passé qu’il ne connait pas bien, et donc la série nous distillera des révélations importantes. Un anti-héros trimballé à droite à gauche, pas vraiment maître de son destin !


Ici, le début de l’intrigue, c’est que Daniel reçoit un courrier de 1938 dans laquelle il y a une carte de membre du parti rexiste à son nom. Curieux ! L’album fait un parallèle entre le début des années 80 en Belgique et la fin des années 30, avec la montée du rexisme. Tito et Bucquoy semblent très inquiets d’une résurgence du passé, et à ce titre, la série est révélatrice de cette angoisse, propre aux années 80 et aux décennies suivantes. D’ailleurs, Bucquoy fera plusieurs autres albums qui rappelleront sa crainte d’un retour du fascisme.


L’album comprend une dimension fantastique qui peut être déroutante, Daniel est « aux limites du réel », plusieurs époques semblent se croiser dans une sorte d’abolition temporaire du temps… L’histoire est complexe, il vous faudra les tomes 2 et 3 pour comprendre ce qui se trame !

socrate
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le 20 févr. 2018

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socrate

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