Ayako
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Ayako

Manga de Osamu Tezuka (1972)

Voyage au bout de l'enfer et de la nuit

Je vais avoir beaucoup de misère à faire une critique potable de ce manga si dense, si terrible, si vaste, mais en même temps je veux pas passer à côté. Alors je vais tricher un peu :


J'ai commencé à lire des mangas vers 20 ans, recherchant des ouvrages à beaux graphismes (ou disons sur les critères que j'avais à l'époque concernant le beau). Après quelques années à lire des histoires interminables de héros niais devenant toujours plus forts pour abattre des méchants démoniaques dans des tournois maléfiques, j'ai fini par me lasser.


Le manga, comme le comics, on s'en fait vite une idée ; le gros des troupes, quoique des fois divertissant, est un amas de stéréotypes répétés à l'infini qui finissent par gaver son homme. Dites moi que tel manga, super bon d'après plein de monde, est un Shonen, je veux même plus en entendre parler.


Mais en bordure de la production populaire se trouvent aussi des oeuvres moins attrayantes pour le jeune con de 20 ans que j'étais, des histoires qui ne visent pas les adolescents, des dessins qui n'ont pas pour priorité d'en mettre plein la vue, et que je commence à découvrir aujourd'hui.


J'aime beaucoup les dessins d'Ayako. Ils sont maladroits, fonctionnels, dépareillés, ils vont à l'essentiel. C'est à la bonne franquette, comme on dit. Dans Ayako, on dessine pour raconter une histoire, et ce style sans prétention est venu me chercher.


Se déroulant sur 30 ans environ, Ayako c'est le Japon post-WW2, avec pour noyau une famille maudite, puissante mais entamant son déclin à force de mensonges, de sacrifices, d'homicides et de trahisons (et autres joyeusetés !). Ayako, petite fille fruit d'une relation incestueuse, sera enfermée sous terre pour sauvegarder les apparences d'une famille criminelle et dégénérée.


C'est assez attrayant à lire au départ, l'intrigue mêlant espionnage et drame familial m'a accroché assez vite. Mais ça devient vite éprouvant, un cercle vicieux, implacable, faisant son oeuvre.


N'étant pas sensible par nature face à des films, et encore moins à des BDs, ici j'ai souvent été secoué par la violence des hommes exercée sur les femmes, par cette autorité brutale, sèche, impitoyable qui semble typiquement japonaise (je préfère dire "semble" car je ne connais le Japon qu'à travers un pan limité de sa culture). Elles s'en prennent, des claques en pleine gueule, et sans retenue.


J'ai été plus attiré par le drame familial que par l'histoire du Japon, d'où mon problème à faire une critique satisfaisante (au moins à mes yeux). Mais les deux sont étroitement liés, et il se dégage ainsi d'Ayako une force noire puissante. Ayako, c'est sordide, malsain, terriblement, terriblement humain. La lumière est enfermée dans les ténèbres.

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le 26 mars 2017

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