BAMBi
7.5
BAMBi

Manga de Atsushi Kaneko (1997)

Chef-d'œuvre atomique. Dire qu'on passe nos journées à arbitrer le combat de coqs qu'est devenu le cinéma hollywoodien depuis que DC et Marvel en sont les mamelles. Bon ok, pas besoin d'un objet aussi allumé que BAMBi pour étancher sa soif de pop-corn, n'empêche que la saveur du délit me manque beaucoup entre deux production balisées. De temps en temps, t'as deux-trois films qui osent des trucs, genre Watchmen, qui est plein de défauts mais se paye entre 2h40 et 3h de durée, zéro star au casting et un classement R. Warner a eu les cojones de produire ça, faut le saluer. Après, y a Kick-Ass que j'aime beaucoup, ni DC ou Marvel, ni blockbuster, ni mini budget, c'est un entre-deux assez rare et qui va au bout de son délire. N'empêche, quand tu te prends BAMBi dans la gueule, tu réalises à quel point on s'habitue à se contenter de peu, soit quelques fulgurances créatives pour un raz-de-marée de bienpensance.


C'est quand même fou qu'un objet aussi "limité" que le support papier, où le lecteur doit se créer un univers sonore avec les images, les dialogues et les onomatopées, propose plus d'immersion, de jouissance immédiate et de pose comics que la plupart des blockbusters actuels. Le plus beau, c'est que BAMBi n'est pas un travail né en réaction à tel ou tel courant, pour faire la leçon. Au contraire, il te saute au visage sans se soucier de ton âge, de ton obédience religieuse ou de tes affinités avec la culture japonaise. 17 ans au compteur, haineuse de la clope et dégoûtée par le sexe, BAMBi te ment pas sur la cover : son flingue est rose, repérable entre mille. L'homme sans nom a son poncho, Scarface a sa cicatrice, elle a l'outil de travail comme signature. Son taf, c'est de traverser le pays pour amener un gamin kidnappé jusqu'à ses supérieurs, Les Vieux. Blaze mystérieux, job simple, chemin semé d'embûches.


Ils sont finalement très peu, les travaux qui nous font retrouver le goût de l'enfance. Cette saveur interdite procurée par la découverte d'une histoire trop barrée pour notre esprit naïf, on la regrette tous un peu. BAMBi, c'était tellement bon que je l'ai presque eu en Odorama, les douilles sous le nez, la chaleur qui te mange le crane et les décors qui pulvérisent ton champ visuel. Tailler la route avec une meuf pareille, ça donne à peu près autant de papillons dans le ventre qu'un premier amour. Vu comme le sexe répugne mademoiselle, on aurait vite fait de classer ce manga dans la case "moraliste". Grave erreur : c'est le contraste entre cette ado buveuse d'eau minérale et ses aptitudes meurtrières qui marche à fond. Vient un moment où il suffit qu'elle apparaisse pour donner le sourire, cette teen warrior qui humilierait la Justice League en deux baffes.


Irrigué par une folie qui infiltre, envahit puis métamorphose n'importe quelle idée en trésor, BAMBi aurait pu traîner ses trouvailles successives comme des boulets. Que dalle : plus ça va et plus le crescendo se dessine. La couleur s'invite même pour dégrader quelques pages (jeu de mots inclus), et les ennemis, tueurs à gages mandatés par le père du gosse kidnappé, se font de plus en plus surprenants, barges, pendant que les dialogues envoient du bois avec la même hargne. Tu sors de ces six-sept tomes, t'as de la poussière plein le front, du sang sur le visage et un sourire de dingue qui te dévore le visage, sûr d'avoir succombé à une série d'orgasmes. Road-movie qui maîtrise de bout en bout son outrance, ce récit là ressuscite des sensations enfouies depuis qu'on a perdu notre pucelage devant des films comme Akira ou Ninja Scroll.


Fantasme absolu d'action hardcore et d'humour impertinent, BAMBi est une monstrueuse tuerie capable de donner au centuple ce qu'on peine à trouver chez la concurrence.

Fritz_the_Cat
9
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le 20 févr. 2016

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Fritz_the_Cat

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