Year One : la Transfiguration de Bruce Wayne

Alors qu'au cinéma sortait le premier Batman de Tim Burton, USA Comics rééditait les histoires majeures de Batman.

Après avoir traumatisé le jeune garçon de 13 ans que j'étais avec l'excellent Killing Joke d'Alan Moore, voici qu'en deux volumes sortait dans les kiosques Year One, appelé alors Vengeance Oblige, une des plus sombres histoires de Batman traitant de sa genèse.
Frank Miller était alors considéré comme un élément subversif, ayant déjà fait subir à Daredevil des traitements qui obligèrent LUG à stopper la série sans préavis, tant cette dernière devenait malsaine. (Ils ne savaient pas à l'époque qu'ils allaient priver le jeune lecteur de la plus épique aventure que vivrait jamais le ridicule vengeur aveugle et cornu)
Je ne sais plus s'il avait déjà offert au monde Sin City premier du nom, mais sa qualité d'écriture était au top.
Preuve en est cette relecture des origines de Batman dans la pure tradition du roman noir : police corrompue, Gotham City sclérosée par une criminalité crue (drogue, prostitution, violence débridée), on n'est pas loin du LA d'Elroy.

Deux personnages arrivent à Gotham en parallèle.
Bruce Wayne, du haut de sa première classe en avion regrette de ne pas avoir pris le train pour revenir dans la ville de son enfance, de ne pas être en contact avec les entrailles de la bête, car tout a l'air lisse et propre vu du dessus.
Le commissaire Gordon, qui vient d'être muté, se félicite d'avoir laissé sa famille prendre l'avion, car vu du train, cette ville est sale, un purgatoire pour sa conduite passée.
Pas besoin d'aller plus loin, Miller pose le ton dès le départ.
A travers le regard de Bruce Wayne et du commissaire Jim Gordon, Miller nous emmène dans les profondeurs de la ville, nous plonge dans ce qu'elle a de plus sombre, et dresse le portrait d'un Batman réellement inquiétant, bien loin du grandguignolesque qui le caractérisait à l'époque.
Un costume gris et noir, un homme brisé et schizophrène, hanté par la mort de ses parents tués sous ses yeux. Oui, ce Batman fait peur, et c'est ce qu'il cherche.
Sans parler du commissaire Gordon, faisant les frais de sa propre intégrité morale, devant assumer le fait de mettre au monde un enfant dans cette ville, devant faire face à ses collègues corrompus qui le perçoivent comme une menace.

Le Dark Knight de Miller a fait peut être couler plus d'encre que Year One à leurs sorties respectives.
Mais c'est pourtant Year One qui a fait école et redéfini le contour du vengeur masqué (pas Zorro, Batman, hein!)

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le 20 mars 2011

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toma Uberwenig

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