Les responsabilités pèsent désormais bien lourd sur les épaules de James Gordon. Une guerre des gangs fait rage autour d’un trafic de drogue. Le maire le harcèle pour gérer la communication de la police tandis que des mondanités l’attendent à droite et à gauche, l’éloignant du terrain sur lequel il aspire à demeurer. Sans parler de la crise qui couve dans son propre foyer, ses obsessions le coupant peu à peu de sa femme et de son fils.


Ajoutez à cela une série de meurtres effroyables, et son meilleur allié, Batman, décrit par un témoin comme leur potentiel auteur. C’est ainsi, dans une ambiance aussi ténébreuse que poisseuse, que se déploie cette aventure made in Gotham qui tient davantage du polar hard boiled que du récit super-héroïque. Le Croisé à la Cape y fait presque de la simple figuration et opère dans un registre qui fait écho aux premiers Batman.


"Roman graphique" de 1992, dans la lignée des succès rencontrés par ce format dans l’univers de Chevalier noir à cette époque, et initiés par The Dark Knight Returns de Frank Miller, Des Cris dans la nuit propose une enquête assez passionnante du fait du point de vue offert par Gordon sur le déroulement des événements.


Le développement élaboré autour du jeune commissaire réjouit réellement, notamment par la dimension humaine qu’il apporte à cette plongée dans l’horreur. Une dimension horrifique, sous-jacente, comme latente qu’Archie Goodwin s’attache à conférer à cette enquête, rappelant discrètement au lecteur que l’auteur publia, dans les premières années de sa carrière, chez Warren Publishing, dans des publications comme Eerie et Creepy.


Graphiquement, le titre s’impose indéniablement comme marquant. Le travail réalisé par Scott Hampton, jouant d’une forme de réalisme troublant, confère une atmosphère de mystère assez formidable à l’ensemble.


Le scénario de Archie Goodwin se révèle bien ficelé et creuse des thématiques matures, comme les inégalités sociales et la maltraitance des enfants, mêlés aux problématiques classiques de Batman comme la vengeance ou le trauma.


Mais si tout cela s’avère véritablement habile, il nous a semblé qu’il manquait un petit quelque chose en plus pour inscrire ce Des Cris dans la nuit au panthéon des récits de Batman, aux côtés des Year One, The Killing Joke, et autres Arkham Asylum. Pas vraiment un incontournable à nos yeux.


Chronique originale et illustrations sur actuabd.com

seleniel
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le 27 avr. 2016

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