Une plongée au coeur de Gotham et ses habitants

Après le douloureux épisode Knightfall, j’ai mis un peu de temps à me laisser convaincre de tenter l’expérience No Man’s Land. Mais après un prologue, Cataclysm, plutôt bon et un premier tome de No Man’s Land particulièrement innovant et agréable à lire, je suis plutôt confiant. Et je croise les doigts pour que le tome #2 et les suivants ne connaissent pas le même sort qu’avec Knightfall.

Toujours aux prises avec les gangs qui règnent sur une Gotham dévastée, Batman doit apprendre à faire équipe avec la nouvelle et mystérieuse Batgirl. Pendant ce temps, le Joker et Double-Face avancent leurs pions pour la conquête du No Man’s Land. (Contient : Legends of the Dark Knight 118-119, Batman Chronicles 16, Shadow of the Bat 86-87, Azrael 53-55, Batman 566-567, Detective Comics 733-734, JLA 32, Young Justice No Man’s Land 1)

Et je dois bien reconnaitre qu’en contemplant le sommaire je n’ai pu m’empêcher de trembler. Pas d’arc à plus de deux épisodes, beaucoup d’histoires en un seul chapitre et des épisodes venant de tous les univers. L’ombre de Knightfall plane de nouveau sur une longue saga de Batman ! Après un premier tome, excellent, servant à nous mettre dans le bain du nouveau statu quo régnant à Gotham, j’espérais le véritable début des hostilités ! Mais il semblerait que cela soit réservé au troisième tome. Ce second volume permet en fait aux auteurs d’appuyer un peu plus sur les nouvelles règles ayant cours à Gotham. Car si Batman, Gordon et les vilains de la ville doivent s’habituer aux nouveaux us et coutumes de la ville, c’est également et surtout le cas pour les habitants mais aussi les autres super-héros.

Ce tome #2 est donc l’occasion pour différents artistes de nous dépeindre le nouveau quotidien de Gotham. L’espoir n’a plus cours ici, la peur et la violence règnent. La confiance est un luxe que l’on ne peut plus se permettre et les habitants sont livrés à eux-mêmes et doivent, bien trop souvent, se résoudre à des actes auxquels ils n’auraient simplement, jamais osé penser avant le drame.
Les différentes histoires sont bien entendu de niveaux divers et variés. On oscille entre le bon et le mauvais. Le mauvais, avec des épisodes d’Azraël (toujours aussi inutile…) qui illustrent à merveille tout ce que les années 90 avaient de mauvais, ou l’épisode de la Young Justice à l’humour carambaresque. Le bon, avec les épisodes de Greg Rucka, les quatre derniers, où l’on sent que l’auteur est comme un poisson dans l’eau dans cette Gotham aux abois, où le mal pullule, où les habitants sont en proie aux pires horreurs des criminels et autres tordus de Gotham laissant libre court à leur imagination.

L’intrigue n’avance pas beaucoup donc, le tome étant surtout l’occasion de nous présenter les réactions de certains héros ou méchants face au drame que traverse Gotham, leurs réactions face à ces nouvelles règles du jeu. Nous avons donc le droit à Superman, la Justice League ou encore la Young Justice, mais aussi Azraël donc, le Joker, Huntress, la nouvelle Batgirl et énormément de personnages qu’ils soient de nouveaux visages, ou de simples habitants. Tout le monde est frappé par cette catastrophe, et les auteurs ont l’intelligence de s’intéresser à tout le monde, mettant en lumière les habitants de Gotham, au cœur de la tragédie. Et comme pour la qualité des épisodes, traitée juste au dessus, c’est Greg Rucka qui fait un peu avancer l’histoire, avec quatre épisodes (deux fois deux), mettant en scène une véritable guerre des gangs entre le quartier de Double-Face, celui du Pingouin, celui de Gordon et la police et enfin celui de Batman et Batgirl. Ces épisodes, passionnants et très bien écrits (Greg Rucka oblige) nous montrent à quel point les méchants dirigent le jeu, que Gordon semble prêt à tout, et surtout que Batman n’a toujours pas réussi à apprivoiser cette nouvelle Gotham.
On notera également le premier épisode, centré sur Alfred, qui est juste magnifique à lire !

Graphiquement, comme pour la qualité des histoires, c’est très varié, on alterne le bon, le moyen, le mauvais et l’affreux. En même temps, avec autant d’histoires et de séries, il était inconcevable de n’espérer que de magnifiques dessins. Mais dans l’ensemble, la qualité penche plus vers le bon que le mauvais.

Bref, si ce tome #2 ne nous fait pas avancer dans l’histoire, hormis sur la fin (et cela met en appétit pour la suite) il réussit cependant à nous dépeindre encore un plus violemment le quotidien tragique et violent des habitants de Gotham. Les certitudes d’hier ne sont plus celles d’aujourd’hui et chacun, bons ou méchants, cherche à tirer la couverture à lui. Un tome, certes en dessous du premier, mais plutôt agréable à lire dans l’ensemble et qui me rassure sur la qualité de cette énorme saga.
Romain_Bouvet
7
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le 29 août 2014

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Romain Bouvet

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