Qu’est ce qu’on a pu lire comme critiques enflammées et passionnées sur Batman, White Knight. Le Joker en chevalier blanc de Gotham, difficile de faire un pitch plus alléchant que celui-là. Pourtant j’ai eu du mal à me décider de me lancer dedans. Je me méfie toujours de la liesse populaire, des œuvres encensées de la sorte, j’ai toujours peur d’en attendre trop et d’être déçu. Du coup, j’ai laissé passé le truc, me concentrant sur ma pile de lecture et d’attendre que cet emportement redescende un peu, histoire de ne pas mettre trop de pression au titre.


Dans un monde où Batman est allé trop loin, le Joker doit sauver Gotham ! Le Joker, ce maniaque, ce tueur, celui que l’on surnomme le Clown Prince du Crime… si Batman, le Chevalier Noir, sombre du côté obscur, pourquoi le Joker ne pourrait-il pas sortir de sa psychose et devenir le Chevalier Blanc ? C’est ce qui arrive après qu’un traitement inédit a guéri le Joker et le fait redevenir Jack Napier : un nouveau candidat à la mairie de Gotham !
Batman, White Knight, propose un récit novateur et inédit qui fera date dans la longue histoire du Chevalier Noir. Seul aux commandes, Sean Murphy (Tokyo Ghost, Punk Rock Jésus), associé à son coloriste de The Wake, Matt Hollingsworth, délivre une vision personnelle et iconoclaste de la relation légendaire entre le Batman et le Joker. Ancré dans un contexte politico-social des plus contemporains, cet album appelé à devenir un classique, offre un duel entre le justicier et le clown où le rapport est inversé et où désormais, tout peut arriver !
(Contient les épisodes #1 à 8)


La relation entre Batman et le Joker est sans doute la plus unique dans les comics. Il n’y a pas de Joker sans Batman, et il n’y a pas de Batman sans Joker. De nombreux scénaristes se sont penchés sur cette relation conflictuelle et ambiguë. Certains ont même vu de « l’amour » caché derrière cette haine. Il faut dire que la frontière entre amour et haine est plus qu’infinitésimale.


Batman ne tue pas, nous le savons tous. On le comprend, ou non, c’est son mode de fonctionnement. Mais le Joker ? Alors qu’il tue à tour de bras, que les cadavres s’amoncellent derrière lui, le clown ne cherche jamais à tuer Batman, il a besoin de lui, il n’y aurait plus de Joker sans Batman. Mais que se passerait-il, si dans leur duo, c’est le Joker qui disparaissait ?


Une énième fois Batman poursuit le Joker ! Accompagné de Nightwing et Batgirl, Gotham devient le terrain de chasse de Batman. Et dans sa course pour capturer le clown, le justicier de Gotham ne fait pas dans les détails ! Les dégâts se comptent en millions et la violence est omniprésente !


Alors qu’il passe le Joker à tabac, Batman s’emporte plus d’habitude. Son adversaire le pousse dans ses retranchements en lui disant que tout cela est ridicule, qu’il a besoin de lui, que le Joker est essentiel à Batman et que le justicier se ment à lui-même ! Sa pseudo quête de justice n’est qu’une façade pour cacher sa rage, son impuissance ! Il devient de plus en plus violent, de plus en plus incontrôlable. En fait, le grand méchant de Gotham, c’est lui ! C’est Batman !


Batman s’emporte, frappe plus fort et plus longtemps. Dans un accès de rage, il s’empare d’une boîte de cachets que lui tendait le Joker, capables soi-disant de soigner sa folie, et la lui fait toute avaler ! Le tout est filmé ! La popularité de Batman, déjà branlante, en prend davantage un coup. Cela devient compliqué pour Gordon de le défendre, au sein même de la police il fait, même, l’unanimité contre lui. Trop de violence, trop de dérapages, trop de dégâts.


Soudain, une chose inattendu se produit, le Joker se réveille ! Malgré les coups, les os cassés et l’overdose de médicaments, il se réveille ! Enfin, Jack Napier se réveille, le Joker ayant disparu ! Les médicaments mis au point par le clown ont fonctionné et l’on soigné ! Le Joker était d’une intelligence quasiment égale à celle de Batman mais bridée par sa folie. En redevenant Jack Napier, la folie n’est plus là, il ne reste que le génie !


En rien de temps,d ‘un simple tour de main, Jack Napier parvient à se faire disculper, aux yeux de la justice de tous les crimes du Joker et à rallier une partie de l’opinion derrière lui en révélant quelques sombres secrets de la police et la mairie de Gotham et en faisant de Batman un bouc-émissaire pour le chaos qui règne en ville ! Rien ne semble arrêter le nouveau Chevalier Blanc de Gotham, il brigue même la mairie !


La police se range derrière et une nouvelle brigade de choc est mise sur pied ! Une brigade où l’on compte notamment Nightwing et Batgirl, et avec Batman comme cible !


Ce dernier ne croit pas en la rédemption de Napier, en sa guérison. Il refuse d’y croire. On comprend que pour Batman, les gens comme le Joker ne peuvent pas changer, ne peuvent pas guérir ! Pourquoi les arrêter alors ? Pourquoi les interner s’il pense qu’ils ne peuvent être soigner ? A moins que notre héros n’enrage à l’idée de voir son pire ennemi, celui qu’il considère comme la folie à l’état pur et brut parvenir là où lui échoue depuis tant d’années…


Mais Gotham peut-elle exister sans Joker ? Une personne ne le pense pas. Alors qu’il est redevenu Jack Napier, le nouveau Chevalier Blanc de Gotham a voulu s’excuser auprès de Harley Quinn. Des excuses qu’elle n’a pas accepté ! Nous avons alors découvert qu’elle n’était pas la Harley des origines, mais une remplaçante plus violente, plus sexy et plus trash. La véritable Harley a, elle, accepté les excuses de Jack et l’aide depuis à bâtir sa nouvelle Gotham. Mais dans l’ombre, la Harley plus violente et meurtri par cet abandon est bien décidée à mettre Gotham a feu et à sang sous le nom de Néo Joker !


Chevalier Noir, Chevalier Blanc, l’un comme l’autre, ils ne pourront rien faire seul, mais pourront-ils œuvrer ensemble pour le bien de Gotham ?


Je dois bien avouer que j’ai littéralement embarqué dans cette intrigue ! Sean Murphy dépeint une relation entre Batman et le Joker encore plus complexe et ambiguë. On comprend que les deux sont indissociables l’un de l’autre. Si je suis un fan inconditionnel du Joker, que je trouve plus important à Gotham que Batman, j’ai vraiment apprécié ce Jack Napier imaginé par Sean Murphy. On se rend compte que ce n’est peut-être pas le clown le plus fou des deux.


J’aime beaucoup, également, tout le travail sur les deux Harley. Excellente idée.


Graphiquement, je suis un fan de Sean Murphy. C’est un artiste incroyable. Le trait est fin, subtil et délicat. Il n’a pas besoin de mettre des muscles partout pour rendre ses personnages charismatiques et impressionnants. Son Joker illustre la folie à merveille, son Batman est incroyable. J’aime beaucoup sa vision de Gotham également. Enfin, son travail sur les scènes d’action est d’une grande richesse, il y a tellement de détails. Une véritable claque graphique.


Bref, Batman, White Knight est une vision inédite de la relation entre Batman et le Joker, de la symbiose qu’il y a entre les deux. Le Joker ne peut se passer de Batman mais le Batman ne peut pas non plus se passer du Joker ! Un récit où le génie et la folie s’emmêlent et on ne sait plus qui est le véritable chevalier de Gotham, le blanc ou le noir ? Un récit incroyable, intense et juste génial ! Une œuvre à avoir absolument !

Romain_Bouvet
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le 21 juil. 2019

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