Before the Storm - Aero, tome 1 par arnonaud

Aero est une héroïne un peu particulière de l'univers Marvel, puisque elle et le héros Sword Master ont d'abord été imaginé par des auteurs chinois pour le marché chinois en collaboration avec la maison d'édition. Ce sont donc des personnages chinois, vivant en Chine, et Aero est ainsi une super-héroïne qui contrôle le vent quant à Sword Master, c'est un type qui a une épée magique je crois, mais je le maîtrise moins.


Marvel a depuis décidé d'intégrer ces héros dans l'univers Marvel classique anglophone, comme ce qu'ils avaient fait avec l'héroïne coréenne White Fox créée par des coréens pour le marché coréen mais que l'on croise de temps à autre dans les comics américains depuis 2015. On a donc ainsi retrouvé Aero et Sword Master dans la série Agents of Altas qui était tie-in à War of the Realms et qui était un regroupement de héros est-asiatiques et asiatiques-américains (contrairement aux Agents of Atlas qu'on croisait auparavant dans l'univers Marvel d'ailleurs, qui étaient un regroupement de persos des années 50. Le point commun des deux incarnations de l'équipe étant qu'elles sont dirigées par Jimmy Woo).


Après la publication de la mini-série, Marvel n'en est pas resté là avec Aero. Contrairement au webtoon coréen où White Fox apparaissait pour la première fois qui reste inédit à ce jour en anglais, Marvel a décidé d'adapter pour le marché américain la série solo d'Aero créée à la base pour le marché chinois. C'est ce qui est contenu pour ce tome. Et donc si Zhou Liefen est crédité au scénario, le scénariste Greg Pak est ainsi crédité à l'adaptation, et difficile de savoir à quel point il a changé ou respecté les écrits d'origine ou non (ou faudrait savoir lire le chinois et comparer à la BD d'origine mais ce n'est pas mon cas et je n'ai pas vérifié si elle était encore disponible en ligne).


Je ne sais pas non plus comment était découpé les chapitres originellement, toujours est-il que les fins de chapitres sont très inégales. Des fois ça va mais d'autres fois on a un peu l'impression qu'ils ont arrêtés l'histoire au hasard. Et on a pas vraiment un arc qui se termine en 6 numéros, là le tome 1 se termine sur un cliffhanger, ce qui change des comics américains classiques qui aiment bien terminer proprement les intrigues en fin de tome.


Mais il faut dire qu'Aero est à la base un manhua. Et les codes graphiques et narratifs utilisés lorgnent beaucoup plus du côté du manga que du côté des comics américains, ce qui est très rafraichissant. Mais c'est ça tout l'intérêt de cette série, voir des auteurs chinois créer leur propre super-héroïne nationale au sein de l'univers Marvel, plutôt que d'avoir la vision d'auteurs américains de ce que serait un super-héros chinois comme c'était d'habitude le cas. Et donc en outre, en plus de créer l'héroïne, ils ont pu raconter ses aventures à leur façon.


Pour faire un rapide résumé de l'intrigue : Lei Ling est une architecte importante à Shangai, qui fait un peu partie de l'élite économique du pays, mais qui est aussi, en secret, la super-héroïne Aero qui protège la ville (et elle cache sa double identité avec un changement de coupe de cheveux, une paire de lunette et le fait qu'on la voit surtout de loin en train de voler). On la suit alors que des buildings dont elle a fait les plans sont transformés en golems géants. Et alors que la situation s'envenime avec des trucs que je ne raconterais pas, on part sur un flash-back qui va occuper le reste du tome et commencer à expliquer comment on en est arrivé là, sans pour autant nous raconter comment Aero a obtenu ses pouvoirs. Ce point là restera flou, elle a des pouvoirs et c'est une super-héroïne depuis un certain temps, et on doit faire avec ça.


Et dans le flash-back, on a toute une intrigue où elle est au resto avec son petit copain qui s'apprête à lui demander sa main, elle ne veut pas et il y a au même moment un typhon qui débarque et des gens à sauver sur la rivière ce qui donne une situation très efficace où elle doit à la fois sauver des vies (surtout que la situation part en vrille, pas parce qu'Aero est incompétente mais plutôt parce que ce n'était pas vraiment un typhon) et gérer sa vie privée avec son petit copain ou sa mère (!) qui l'appellent ensuite au téléphone pendant qu'elle combat des golems de cristal. Et la voir gérer les deux est assez amusant. On a aussi à un moment l'héroïne parle avec d'autres gens de ce qu'ils pensent d'Aero (alors qu'elle parle en tant que Lei Ling évidemment), c'est un classique du récit de double-vie superhéroïque mais ça donne lieu à une très bonne séquence.


De toute manière, ce récit ne révolutionne clairement pas le genre. Pas dans son scénario en tout cas, qui est très classique, mais toutefois plutôt efficace. En tout cas ça fait toujours plaisir de découvrir une nouvelle super-héroïne, vu qu'elles sont quand même moins nombreuses que leurs collègues masculins. Mais là où cette série tire vraiment son épingle du jeu, outre le fait que ça se passe en Chine avec une héroïne chinoise, c'est la manière qu'ont les auteurs de raconter leur histoire.


On constate ainsi que la narration est beaucoup plus décompressée. Là où les auteurs américains savent que leur série va se faire arrêter rapidement faute de ventes suffisantes et sont donc obliger de raconter les choses de manière assez dense pour pouvoir raconter tout ce qu'ils ont à dire (et encore, c'est moins verbeux que dans les années 60 où il fallait raconter une histoire complète en un numéro), Zhou Liefen prend son temps pour raconter son histoire et c'est assez agréable.


En outre, il y a la façon de raconter les scènes d'action qui est clairement héritée du manga et qui donne lieu à des bastons incroyables comme on en a hélas trop rarement dans les comics américains. Les coups sont puissants, il y a de la place pour les impacts que l'on ressent bien et les pouvoirs d'Aero sont utilisés de manière hyper variées pour donner lieu à toute sorte de techniques de combat. En outre par rapport aux quelques histoires où l'héroïne a été écrite par des américains, ici ses pouvoirs sont utilisés de manière bien plus physique, avec des coups de poings, des coups de pieds, des épées de vent, là où les américains vont plus en faire une héroïne aux pouvoirs élémentaires classiques qui tend les bras pour envoyer une vague de vent ou ce genre de chose.


Et il faut vraiment dire que le dessinateur Keng est absolument incroyable sur les scènes de combat. Globalement ses dessins sont très chouettes, mais dans les bastons il se donne vraiment à fond avec des effets élémentaires totalement dingues. Il représente super bien les effets de vents et il leur donne une puissance et un dynamisme vraiment fou. Et il mixe ça avec un jeu de zoomlines et de flous de vitesse super maîtrisé et le résultat dépote. Ca fait vraiment plaisir de lire de telles bastons, encore plus dans l'univers Marvel.


Même si ce tome là est vraiment très faible en terme d'intégration au sein de l'univers global de l'éditeur. On a vite fait une affiche d'Iron Man dans un coin au tout début et c'est tout. Ca aurait pu facilement se passer dans son propre univers autonome. C'est bien pour ça que lors de la publication en single issues de la série, Marvel avait ajouté un back-up écrit par des scénaristes américains (Greg Pak et Alyssa Wong en l'occurence) où l'héroïne interagissait avec d'autres persos de l'univers Marvel.


Avant d'attaquer la conclusion de la critique, il faut quand même que je parle du boulot du lettreur Joe Caramagna. Globalement il s'en sort très bien, mais je reste assez étonné par le choix fait sur les onomatopées, qui sont toutes retranscrites avec la même typo un peu nulle quelque soit le bruit et qui sont souvent avec le minimum d'effets de texte. Et du coup, elle sont vraiment nazes. Je ne sais pas pourquoi le lettreur à fait ce choix, surtout que quand on lit les single issues, on voit qu'il fait des onomatopées normales et efficaces dans les back-up qu'il lettre également... Bref c'est étrange et dommage. On ne peut pas dire que ça impacte vraiment sur la qualité du récit, mais ça aurait été plus sympa d'avoir des onomatopées un peu plus travaillées.


Bref pour conclure, on a donc un premier tome plutôt sympathique pour cette nouvelle héroïne même si c'est assez classique dans le fond et peut-être un peu trop déconnecté de l'univers global de l'éditeur. Ca a le mérite de changer des comics Marvel classiques dans sa narration, ce qui est rafraichissant. Et personnellement, j'aime toujours quand l'univers Marvel s'internationalise et qu'on découvre les héros de chaque pays, donc c'est un plaisir de découvrir cette nouvelle héroïne chinoise, surtout écrite par des auteurs locaux ce qui apporte quand même un peu plus d'authenticité.


Je suis curieux de voir ce que donnera le 2e tome qui conclu la série, et de voir si l'héroïne arrivera ou pas à trouver une place dans l'univers Marvel sur le long terme.

arnonaud
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le 18 sept. 2021

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