Bone : Intégrale
8.2
Bone : Intégrale

Comics de Jeff Smith (2015)

Je possède l'intégrale en VO noir et blanc. Je vais commenter ici chaque album selon la version anglaise (puisque la version française présente sur le site est constituée non pas de 9 albums mais de 11 ! À noter que la VF colorisée n'en comporte que 9, dans un souci de se rapprocher de l'édition originale) et ne pas créer des fiches supplémentaires inutiles pour chaque album en VO (ça me paraît plus simple). Ceci dit, si un jour quelqu'un crée ces fiches, j'ajouterai mes critiques à chaque tome.


Je me demande comment sont les couleurs : à voir les couverture, ça a l'air tout simplement abominable à regarder et suis donc bien content de ma version noir et blanc. Mais qui sait, peut-être que la mise en couleur du contenu est plus sobre, moins maniérée que celle des couvertures ?


Book 1 : Out from Boneville : 4/10
Book 2 : The Great Cow Race : 3/10
Book 3 : Eyes of the Storm : 4/10
Book 4 : The Dragonslayer : 5/10
Book 5 : Rock Jaw : Master of the Eastern Border : 4/10
Book 6 : Old Man's Cave : 4/10
Book 7 : Ghost Circles : 4/10
Book 8 : Treasure Hunters : 4/10
Book 9 : Crown of Horns : 3/10


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Book 1 : Out from Boneville 4/10


J'aime beaucoup le graphisme. C'est d'ailleurs ce qui sauve la BD à mes yeux : Bone rappelle irrémédiablement un schtroumpf par son apparence. Niveau comportement, on est plus dans la tradition américaine, c'est-à-dire un personnage qui court et qui tombe le plus souvent possible. Certaines pages sont vraiment très belles grâce à une belle gestion des ombres ; l'auteur se joue des masses de noir sans trop perdre en lisibilité. Malheureusement, ce n'est pas systématiquement le cas et l'album comporte énormément de pages sans ombres, avec même un vide un peu gênant, une absence de décor qui a tendance à déséquilibrer la page ou la vignette. Le découpage est intéressant dans les scènes d'action, mais lors des passages dialogués, on s'ennuie un peu. Notons également qu'il reste quelques rares passages où l'action n'est pas totalement claire (je pense notamment à la fuite de Thorn et Bone qui se retrouvent encerclés par ces méchants Rats). Pour en revenir aux personnages, j'aime beaucoup la manière dont l'auteur les articule, les met en action : le langage corporel est maîtrisé comme rarement, les mouvements sont très fluides, très cartoonesques, très plaisants à découvrir.


L'intrigue est particulièrement peu intéressante. L'auteur installe les choses très lentement, mais ne propose rien de vraiment concret à se mettre sous la dent ; ainsi, le méchant est présenté après avoir lu 100 longues pages où il ne se passe pratiquement rien. Les personnages semblaient plaisants lors des premières pages, mais il s'avère très vite que l'auteur est trop paresseux pour les approfondir et tirer parti de leurs traits de caractère. Pire, plus il y a de monde et moins l'auteur se creuse les méninges, et donc les personnages qui débarquent en cours de route sont de moins en moins intéressants. Je n'ai rien contre les aventures superficiels sans aucun autre but que de divertir, après tout, il ne faut pas nécessairement un message pour rendre une histoire fun. Le problème ici c'est qu'il ne se passe rien et que souvent, lorsque les conflits émergent, nos héros s'en sortent grâce à un deus ex machina (le dragon ou la grand-mère).


Ce premier tome de cette saga est donc une bonne déception pour moi puisque la narration y est très faible ; le dessin seul ne suffit pas à raconter une bonne histoire, surtout que tout n'est pas parfait à ce niveau-là non plus.


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Book 2 : The Great Cow Race 3/10


Toujours pas intéressé par cette histoire. Après avoir annoncé quelque chose de plus impoetant à la fin du tome précédent, l'auteur revient à une narration vide de tout enjeu et de tout intérêt. Quelques petits conflits liés à l'amour, et puis les personnage qui cabotinent déjà à outrance. Et pour terminer, l'auteur distille un petit mystère en fin d'album histoire de rappeler qu'il va se passer des choses bientôt... c'est un principe digne d'une série télé, où on nous colle un cliffhanger en fin d'épisode pour être sûr que les spectateurs reviendront au prochain épisode. C'est nul.


Graphiquement je suis déçu aussi : pas beaucoup de masses de noirs, du coup, seules quelques pages sont intéressantes à parcourir. Lorsqu'il n'y a pas de masse de noir et qu'il y a beaucoup de détail, cela devient pénible à lire parce que tout paraît sur le même plan (il aurait donc fallu quelques couleurs sobres pour distinguer les plans). Quelques dessins ne sont pas terribles, surtout au niveau des articulations des êtres humains. Le découpage est toujours aussi pesant, avec cette caméra ultra contemplative juste histoire de lire une petite blague pas très drôle.


En effet, l'humour ne prend pas. Cela sent trop le réchauffé et surtout le manque d'approfondissement d'une situation. Par conséquent, c'est souvent trop facile et trop léger pour faire rire.


Bref, si ce second tome ne m'a pas complètement agacé, c'est parce qu'il est court !


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Book 3 : Eyes of the Storm 4/10


Il se passe un peu plus de choses dans cet album. S'il n'y avait pas constamment cette narration en parallèle, on arriverait même à ressentir du suspense. Seulement voilà, tous les personnages sont séparés et l'auteur n'en oublie aucun, même si c'est pour ne rien raconter de très intéressant par moment (la séquence dans l'auberge ne devient intéressante que sur la fin). j'ai l'impression que toutes ces digressions n'ont d'autre but que de repousser le plus tard possible les révélations. Même lorsque les personnages se décident enfin à parler, ça leur prend des plombes pour tout dire (soit ils sont interrompus, soit il ne veulent pas tout dire) ; en revanche, une fois que l'un parle, tout le monde s'y met...


Ce tome comporte plus de scènes de nuit ou tout au moins avec des ombrages, il est donc plus joli à regarder. Dommage que le dessinateur n'use pas des masses de noir tout du long, ce serait tellement plus agréable à lire ! Car en l'état, beaucoup de page paraissent vide à cause d'un blanc mal géré ou au contraire d'un surplus de détails (toujours ce problème d'avant plan et d'arrière plan qu'on ne peut distinguer). Quelques proportions ou visages sont parfois ratés (j'ai eu l'impression que 'lauteur était pressé de terminer l'album ; plus de pages, forcément, c'est plus compliqué à gérer pour être dans les temps).


L'humour m'a toujours paru aussi peu drôle. En fait, j'ai ça m'a rappelé les dessins animé actuels : souvent, les auteurs se contentent de petites blagues genre un personnage qui tombe ou qui lâche sa vanne à la fin de la page ; c'est rarement très creusé et c'est même carrément facile. Un peu comme les films de Pixar sortis ces dernières années.


Bref, ce troisième tome m'a paru plus intéressant car une histoire semble enfin émerger et puis parce que la séquence de l'orage, même si répétitive, laisse place à quelques bons moments (par rapport à l'ellipse).


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Book 4 : The Dragonslayer : 5/10


Y a du mieux amis je en suis pas encore complètement convaincu. Certes, l'histoire est plus riche, la narration mieux maîtrisée ; on a l'impression que ça parle enfin de quelque chose, même si ça ressemble plus à un fantasme d'ado qu'à une vraie histoire et qu'il reste des maladresses. L'auteur en fait toujours trop avec ses mystères, mais au moins il délivre un peu plus d'information ici. Aussi, on se rend compte arrivé à la fin qu'il ne s'est toujours pas passé grand chose, mais on en a eu l'illusion.


Graphiquement il reste encore quelques cases moches ou d'autres qui manque de lisibilité ; en contre-partie, il y a aussi de belles pages grâce à une utilisation des masses de noir (les ombres et la nuit). Il y a aussi quelques très belle composition et quelques enchaînements de cases qui fonctionnent très bien (même si ça reste parfois sur-découpé inutilement).


Bref, ce quatrième tome me paraît moins mauvais que les trois premiers puisqu'un récit semble enfin se dessiner et que le dessin est mieux maîtrisé. J'espère que l'auteur poursuivra dans cette direction.


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Book 5 : Rock Jaw : Master of the Eastern Border : 4/10


Ce cinquième tome est décevant. Il comporte beaucoup de rebondissements et de résolutions faciles, ne raconte pas grand chose. Les dialogues sont une fois de plus étouffant parce qu'ils sont longs et répétitifs. La narration est un peu brouillon à cause d'un surnombre de personnages (et de tous ces rebondissements). Je suis déçu aussi du changement brutal de personnalité de Smiley qui est plutôt intelligent et lucide dans ce tome-ci alors qu'il était idiot auparavant.


Le graphisme me laisse mitigé : quelques masses de noir mais pas toujours bien exploitées. Pour le reste, soit c'est trop vide, soit il y a trop de détails et il devient difficile de distinguer les plans. Les personnages ne sont pas toujours bien dessinés, surtout lorsqu'il s'agit de gros plans où le dessinateur semble perdre ses repères de canon.


Bref, ce bouquin paraît insignifiant, heureusement, il reste relativement court.


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Book 6 : Old Man's Cave : 4/10


J'ai l'impression qu'il est trop tard pour apprécier cette aventure. Je vais tout de même persister par acquis de conscience, mais je n'y crois plus trop.


Le récit comporte un peu plus d'action que d'habitude, mais je trouve qu'on perd trop de temps avec tous ces personnages éloignés les uns des autres et ces longs bavardages qui ne font que répéter ce que l'on sait déjà et qui ne permettent pas vraiment d'exploiter les personnages. Graphiquement, il y a parfois de très belles vignettes, de très belles compositions grâce à des masses de noir équilibrées, et puis on a aussi des vignettes très moches à cause d'un trop plein de détails pas utiles et d'un manque de profondeur dans le cadre.


Bref, ça reste lisible, mais je n'y ai pas vraiment pris de plaisir.


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Book 7 : Ghost Circles : 4/10


Toujours pas convaincu... et il ne reste plusq ue deux tomes !


Je trouve toujours l'action aussi inexistante. De plus, j'ai l'impression que l'auteur brode son histoire au fur et à mesure, qu'il n'a pas vraiment de plan. Sur 100 pages, ça peut passer, mais arrivé à 900 pages, ça commence à faire un peu mal ce manque de structure, ces résolutions qui débarquent un peu d en'importe où, ces nouveaux éléments mystérieux qu'on rajoute et qui ne servent pas à grand chose. C'est très décevant. Il y a quand même quelques bonnes idées, comme cette matérialisation des rêves (surtout que j'ai commencé "Moby Dick" en même temps que cette BD sans savoir que l'auteur y ferait autant référence), mais cela paraît trop sous-exploité.


Graphiquement c'est toujours aussi inégal. Quelques très belles cases/pages quand l'auteur joue des ombres, et puis d'autres plutôt moche où l'on ne distingue pas les plans. De plus, les proportions des humains laissent parfois à désirer, surtout en ce qui concerne Thorn qui peut avoir des beaux yeux le temps d'une scène seulement, et dont la tête grossit ou rétrécit en fonction de l'humeur du dessinateur...


Bref, c'est pas illisible, mais je n'en retire que très peu de plaisir. Vivement la fin !


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Book 8 : Treasure Hunters : 4/10


J'ai laissé un peu de temps passer avant de m'attaquer à ce tome. Ainsi, je voulais prendre d ela distance, oublier le mal que je pense de cette série. Le fait est, lorsqu'on commence quelque chose d'aussi long et que ça ne se passe pas bien, on finit par s'aveugler, persister dans son opinion et chercher la petite bête ; j'ai donc cherché à avoir un regard neuf sur cette BD.


Et ça a presque marché : lorsque j'ai feuilleté ce tome, je me suis dit que ça donnait plutôt bien. Puis j'ai commencer à lire sérieusement... et j'ai changé d'avis. Les nombreux dialogues ne m'ont vraiment pas intéressé : l'auteur digresse toujours autant pour ne rien raconter de très intéressant. Les personnages refont toujours le même sketche à peu de choses près. L'intrigue est inutilement alambiquée (disons que les personnages parlent beaucoup alors qu'en fait c'est très simple). Je trouve les péripéties rares et peu intéressantes, les résolutions souvent trop faciles.


Et même graphiquement, bine que ce soit le point fort du bouquin, je trouve que la répétition de case est souvent gratuite, que le découpage est très mou, que certaines actions sont trop découpées. Et puis ça manque de noir tout ça : les plus belles pages sont celles où le dessinateur laisse plus de place à des masses de noirs, ainsi cela créée de la profondeur, des avant-plans, des arrière-plans ; sans cela, tout paraît plat. De plus il y a encore quelques problèmes de proportions par moment.


Bref, pas vraiment enchanté de reprendre cette BD. Mais courage, Fatpooper, il ne reste plus qu'un bouquin !


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Book 9 : Crown of Horns : 3/10


La plus grande joie que j'ai eue en lisant cet album, c'est grâce à Eric Clapton ! En effet, afin d'égayer ma lecture, j'ai lancé un mix youtube de Clapton, et faut bien le dire, le bougre est un très bon musicien et compositeur.


"Crown of Horns", en revanche, est bien peu plaisant. La conclusion à cette si longue histoire m'a paru assez décevante : il ne se passe pas grand chose, à nouveau, l'auteur se perd dans des dialogues inutiles, des digressions inutiles. Et puis cette fin qui n'en finit pas. Je pense que, pour n'importe quel récit, qu'il soit long ou court, que les personnages soient attachants ou pas, il vaut toujours mieux faire court lors des au revoir, plutôt que d'étirer inutilement ce moment. Car au final, l'auteur ne raconte rien d'autre que ce qu'il a raconté jusque là. Ça raconte même encore moins (ce qui semblait difficile). À nouveau, les conflits paraissent dérisoires et les résolutions trop faciles. Plutôt que d'étirer les choses inutiles, l'auteur aurait dû se focaliser sur son action, sur la narration utile, en approfondissant les personnages par exemple. parce que les méchants ne sont quand même que des enveloppes vides et les gentils ne font que répéter les mêmes gimmicks depuis la première page de cette aventure.


Je pensais que pour cet ultime tome, l'auteur redoublerait ses efforts graphiquement parlant. Si les premières pages sont assez jolies, très vite, les problèmes de proportion font leur retour. Il y a bon nombre de pages très très faibles notamment à cause de cadrages pas très heureux (d'horribles gros plans sur Thorn), de positions pas du tout idéales (quand Thorn s'envole par exemple). Et puis de temps en temps quelques belles cases viennent se glisser ici ou là. Mais c'est tellement rare.


Bref, ce dernier tome de "Bone" est assez mauvais, mal ficelé, mal dessiné.


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CONCLUSION GéNéRALE : 3/10


Cette série est tout de même très pauvre, quand même ! Et je trouve même qu'elle est encore plus décevante lorsqu'on la considère dans sa globalité plutôt que par album. En effet, par album, il suffit d'analyser la structure et le dessin sur une centaine de pages. Ici, il s'agit au final de 1000 pages et plus ! Autant de pages durant lesquelles la narration trébuche, stagne, digresse. Sans parler du dessin tellement inconstant. Enfin, si il est constant, constant dans ses erreurs : car l'auteur dessine tout de la même manière depuis le début, avec les mêmes problèmes de proportions qui surgissent régulièrement. À croire que c'est fait exprès...


Pendant ma lecture, j'ai pensé à "Star Wars" et les bouquin de Tolkien ; j'ai vraiment l'impression que c'étaient là ses influences majeures. Et puis aussi les jeux de rôle tant le récit semble improvisé au fur et à mesure des 3-4 premiers tomes jusqu'à ce que l'auteur décide d'un arc narratif : c'est hyper décousu, plein de petites blagues pas très drôles et puis il y a cet aspect spectaculaire assez mal dosé et encore plus mal mis en scène. Bref, un délire d'ado pas très bien réfléchi.


Résultat des courses, bien que la logique mathématique me recommande à laisser 4/10 à cette intégrale, je vais retirer un point. Simplement parce que dans l'ensemble, c'est encore plus faible que lorsqu'on aborde l'histoire par tome, et c'est insupportablement long ! Et je suis bien content de n'avoir pas eu la version couleur ! Parce que du peu que j'en ai vu, j'ai trouvé le boulot horrible à regarder...

Fatpooper
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le 2 oct. 2015

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