"Car nous sommes tous condamnés, C'est nous les sacrifiés" (chanson de Craonne)

Un des nombreux ouvrages de Tardi consacré à la première guerre mondiale.

Tardi étant anarchiste, antimilitariste et anticlérical, rien d'étonnant à ce que la guerre 14 - 18 soit un de ces sujets de prédilection. En effet, ce conflit illustre à merveille les excès auxquels ont pu conduire l'ultra-nationalisme, savamment orchestré par l'Eglise, l'armée et l'école de la IIIe République, la fameuse alliance des "corbeaux noirs de la République" (les instituteurs) le sabre et le goupillon.

L'album, entièrement en niveaux de gris, donne un ton assez sinistre (et de circonstance) aux différents récits qui y sont relatés.

Car il ne s'agit pas d'un récit, mais DE récits. Ceux de jeunes hommes partis "passer noël à Berlin" et qui se retrouvent enterrés dans des tranchées boueuses qu'ils partagent avec les rats, les poux et la vermine ; ceux de soldats laissés à la merci des gaz, des mitrailleuses, des snipers, des obus... ceux enfin de pauvres types qui se retrouvent embringués dans un conflit qu'ils n'ont pas voulu, dont ils ne savent au fonds pas grand chose sinon que "l'ennemi, c'est le boche", et qui doivent endurer au quotidien l'ineptie de leur état-major, la suffisance des officiers (souvent bien-nés) et les ordres absurdes d'une hiérarchie confite dans ses certitudes et ses rêves d'offensives.

Une bande-dessinée qui remue les tripes et qui ne peut pas laisser indifférent.