Autant je suis rentrée dedans pépère autant j'ai eu du mal à le lâcher une fois que la machine scénaristique a été emballée... Au final, c'est ce qui compte : une fin qui justifie les moyens (les miens, le temps que j'ai investi dans la lecture de ces 192 pages finalement palpitantes). L'auteur prend ses aises pour planter le décor, nous attirer dans sa toile astucieuse et poisseuse; la situation de base est étrange et ne devient inquiétante que petit à petit, les retours de sympathie sont finement menés, et les enjeux sentimentaux deviennent si lourds qu'on finit aussi angoissé que si la tuile nous arrivait à nous. Parce que le pauvre Lubin s'en prend une jolie sur le coin du nez : un jour sur deux, sa vie est vécue par un autre que lui, apparu subitement. Et il n'en a aucun souvenir. Et ils n'ont que leur corps en commun. C&r ils n'en font pas du tout le même usage. Ça pourrait être simplement cocasse, d'autant que les deux facettes prennent la chose avec philosophie, mais ce serait mésestimer les ressources dramatiques de l'auteur. Je n'en dis pas plus et me contente de recommander chaudement cette lecture attachante (et de ne pas trop s'arrêter sur le côté un peu manga des physionomies...).
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