"C'est notre avenir, Carol. Pas le sien..."

Et Civil War II commença... dans le sang et larmes. J'ai eu la même sensation en lisant ce premier kiosque de la série principale que pour Secret Wars. Une claque énorme pour un début d'histoire, l'impression de quelque chose de grand, de réfléchi par le scénariste, d'une pierre posée intelligemment pour la continuité de l'univers et graphiquement un plaisir immense.


Déjà, il faut savoir que Civil War s'annonce un event à la fois lent et dramatique. Bendis aime les discours, les dialogues savamment construits. Quand il le fait bien comme sur Allias ou House of M, il est le meilleur dans sa partie. Dramatique car il y aura des morts, des conséquences psychologiques fortes également en théorie. Bendis a toujours buté des personnages lors de ses events et il ne dérogera pas à la règle.


Le thème est installé dès la première scène, avec des échos qui me ramènent à Minority Report. Peut-on condamner un homme pour des crimes qu'il n'a pas commis ? Question posée par Jennifer Walters au tribunal, avocate de l'accusé, qui répond dans sa rhétorique que la liberté demeure la liberté de tout penser, même les plus vils actes, que la société jugera uniquement les faits. Introduction un brin bateau certes, mais le dessin époustouflant lui donne une tout autre allure. D'autant qu'elle prépare la question au centre de Civil War II: peut-on contrôler le futur à tout prix? Quels seraient les coûts éthiques et concrets à modeler l'avenir sur les bases de prédictions approximatives. Dans le contexte super-héroïque, on revient également ce faisant à l'une des questions du run d'Hickman sur New Avengers. À menace ultime, peut-on répondre par tous les moyens? Jusqu'où la responsabilité d'un super-héros lui permet-il de dépasser les bornes, de la loi étatique mais surtout de la loi morale?


Sur ces deux chapitres de l'event - Civil War 0 et le chapitre I - Bendis installe une narration temporelle un peu confuse. En s'accrochant, je trouve que son histoire y gagne en force. Ce n'est pas linéaire car il ne veut pas raconter une guerre comme Millar l'avait fait, il veut poser un débat, une opposition de point de vue et installe dans cette optique les arguments dont il a besoin peu importe l'ordre. S'il continue ainsi, on pourrait avoir une histoire plus justifiée et pensée que la première guerre civile qui finalement renvoyait le débat de fond aux séries annexes et tie-ins (l'arrestation de Captain America est d'un ridicule par exemple, ici pour l'instant on a pas de bêtise de ce genre).


La présentation des principaux personnages se fait à merveille. Carol est mise en avant en douceur, présentée à travers ses différentes équipes comme la générale en chef qui protège le monde des menaces extérieures. Ulysse est montré comme l'étudiant normal complètement dépassé par ses pouvoirs, pris entre des forces qui le surpassent alors même que toute l'attention se reporte sur lui. Pour Iron-Man, Bendis choisit une démarche opposée à son run, presque complémentaire j'ai l'impression. On le présente comme une figure majeur de la communauté super-héroïque, une sorte de sénateur respecté et influant qui, sans diriger en général, peut soulever si besoin une foule. C'est une vision très éloignée du héros, on le considère à travers le regard des nouveaux héros et surtout d'Ulysse qui se sent écrasé par sa présence. Son premier discours sur le danger d'un tel pouvoirs, bien que par forcément très fin dans l'écriture, montre son charisme et l'importance de sa prise de position. On a pas du tout une introspection, on ne ressent pas sa douleur à la fin de l'épisode d'un point de vue intérieur mais seulement pas le biais des autres personnages.


Et sinon niveau action, je trouve que le dosage demeure bon pour l'instant. Si la première menace cosmique est expédié façon Bendis pour ensuite servir son propos, la seconde qui prend l'apparence d'un visage violet bien connu est davantage soignée et on en prend plein les plein les yeux dans le combat, avec une précision claire dans ce qui se passe (pas toujours le cas avec ce scénariste).


Un début passionnant, porté par une thématique intéressante - même si on sait pertinement que le comics mainstream n'est pas le mieux adapté à la gérer - et surtout par des dessinateurs de génie, Marquez en tête qui continue de m'impressionner.

WeaponX
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le 7 janv. 2017

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