Piraterie sur le transsibérien

Peut-être l'album de Corto Maltese le plus abouti de la série !

Dilatant l'action comme à son habitude, Hugo Pratt étend le récit du mois de novembre 1918 au mois d’avril 1920, pendant la révolution russe. A l'instar de La Ballade de La Mer Salée, le génial auteur vénitien revient enfin (et avec quelle réussite ! ) à un format long après avoir limité en nombre de pages les précédentes aventures de Corto pour des contraintes d'édition..

Le contexte est tragique, onirique, violent. la Russie bascule en pleine guerre civile après l'abdication du Tsar et la signature de l'Armistice. Les fidèles de Nicolas II, soutenus par les Alliés et menés par l'amiral Koltchak montent une contre-révolution pour renverser les bolcheviques. Le nerf de leur guerre : l'or impérial, objet de toutes les convoitises, mais surtout prétexte pour de nouvelles aventures du plus fameux des marins, accompagné par son alter ego Raspoutine et la mystérieuse Changaï Li.

Cet album est un peu à l'image de la démesure de l'âme russe : plus sentimental et plus violent que les autres. Il n'en demeure pas moins un régal de voir se croiser personnages historiques et personnages de fiction, dans un amoncèlement de rebondissements, de batailles et de pièges - où la steppe remplace l'océan et les trains blindés les navires. Certainement aussi un des albums où la relation Corto/Raspoutine est la plus intéressante, leur complémentarité devient évidente. La noirceur de Raspoutine est devenue indispensable à l'aura de Corto...