Quand on contemple, mais qu'on en voudrait plus
Dans mes yeux, c'est original, et c'est beau.
Cette technique toute simple du crayon de couleur m'apparaît bien plus belle que tout ce qui peut se faire de plus sophistiqué. Dans mes yeux, j'aime, Le goût du chlore, non.
Ce crayon c'est fin, c'est poétique, c'est sincère.
Ça sert magnifiquement bien le point de vue si original pris ici par Bastien Vivès : la vision subjective, celle d'un garçon amoureux. De lui, on n'entendra aucune phrase, et on ne verra que les mains. Et ces petits crayons de couleurs, avec lesquels il est impossible de tricher, transmettront à merveille ses émotions, ses sentiments, ses sourdes pensées que l'on devine. Le crayon qui s'embrume et s'emmêle quand deux jeunes gens viennent parler à sa jolie rousse, et qu'on le comprend déboussolé, n'écoutant plus rien, floutant sa vision, perdu dans le fil de ses pensées.
Dans mes yeux, c'est touchant et surprenant.
Mais ça s'arrête là. Parce que ça s'arrête tôt, ça s'arrête vite. Parce qu'en le refermant, il nous reste cette étrange sensation d'inachevé.
Parce que ça fait de jolis strips, mais que l'intelligence du gommage narratif du héros ne suffit pas. On aimerait bien une vraie histoire, en plus de ça.