Après avoir passé des années à nous raconter des histoires de super-héros, Kurt Busiek (Marvels, Astro City) a choisi, à 55 ans, de s'émanciper en changeant radicalement d'univers. L'Américain, épaulé par le jeune dessinateur Benjamin Dewey (I was the Cat), nous entraîne dans un pays où l'homme a disparu depuis longtemps d'un zoo aux allures de civilisation. Premier tome d'un récit d'heroic fantasy, The Autumnlands devrait séduire le plus grand nombre tant il aborde des thématiques ultra contemporaines. Le meilleur des substituts à Game of Thrones ?


De quoi ça parle ?


D’un monde peuplé d'animaux anthropomorphes où la magie sert de monnaie d’échange entre deux castes. D'un côté, les riches et éduqués Nuageois, qui résident dans d’immenses villes suspendues dans les airs. De l'autre, les Moindres, des tribus d’animaux plus sauvages habitant la plaine. Ils commercent avec les Nuageois qui cherchent des denrées introuvables dans les cités suspendues.


Mais la magie tend à disparaitre. En essayant de trouver une solution à cette future pénurie, les grands mages, invoquant la prophétie du Sauveur, détruisent la dix septième cité. Et alors qu'ils espéraient provoquer l'apparition d'un mystérieux sauveur, baptisé Grand Champion, surgit… un simple être humain. La déception est totale. Pourtant, cet être frêle, "dépourvu de fourrure, d'écailles, d'ailes, de crocs ou de carapace", se révèle plus féroce qu’il n’y paraît. Assez pour sauver The Autumnlands (Les terres d’automne en VF) de la rébellion qui gronde ?


Pourquoi on adore ?


Parce qu’il n’est pas nécessaire d’être fan d’heroic fantasy pour se laisser entraîner dans cette lutte des classes où s'opposent, entre autres, une phacochère magicienne, un renard manipulateur, un odieux hibou et des bisons fatigués d'être exploités. On rentre dans The Autumnlands grâce aux magnifiques dessins de Benjamin Dewey, véritable révélation de cet album, capable de donner des expressions étonnement humaines à cet improbable bestiaire aussi riche que complexe. On y reste, soucieux de découvrir où Kurt Busiek veut nous entraîner. Dense et complexe, son récit mérite qu'on s'y attarde et qu'on y revienne. Quitte à accepter de ne pas tout comprendre et se laisser entraîner par Dunstan, le plus mignon des bull-terriers qui est la voix narrative de ce premier tome.


C’est pour vous si...


Vous connaissez les trois tomes du Seigneur des anneaux par cœur et vous vivez la fin annoncée de Game of Thrones comme une trahison. Mais si les récits héroïco-fantastiques vous gonflent, vous pourriez bien ne voir dans cet album qu'une histoire un peu folle, mais toujours d'actualité, de disparité de classes, voir de racisme.


Critique publiée sur Pop Up'.

Elodie_Drouard
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le 13 mai 2016

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Elodie Nelson

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