Dans les cieux, de gigantesques cités volantes, où vit une population éduquée, raffinée, adepte de cette si précieuse magie sur laquelle l’équilibre du monde repose. Au sol, dans les plaines et les montagnes, d’autres tribus, plus sauvages, sans cette maîtrise de l’art, et dominées par ceux d’en haut.


Mais la magie, qui assure le rapport de force entre les deux populations, se fait rare, tend à disparaître. Le monde change et certains, pour s’assurer que perdure un statu quo tout à leur avantage, se lancent dans une pratique interdite : un rituel devant ramener aujourd’hui le Champion des temps anciens à travers lequel la magie était apparue dans ce monde.


Sauf que l’expérience tourne court : la cité flottante chute, livrant les survivants à eux-mêmes en terrain hostile. Un Champion toutefois surgit du néant, mais bien loin de l’image que s’en faisaient ceux qui l’espéraient.


The Autumnlands séduit d’abord par le monde posé, dont on sent immédiatement la richesse et le potentiel. La magie, qui nourrit le merveilleux dans le récit, devient une ressource à la base de conflits sociaux mais aussi interpersonnels. Elle fonde et irrigue ainsi les différentes intrigues qui se déploient dans ce premier volume. Et c’est avec elle que Kurt Bisiek nous parle politique et société au sein d’une action tumultueuse.


Le charme opère ensuite grâce à ce choix, qui fait rapidement pleinement sens, d’opter pour un personnel anthropomorphe. C’est graphiquement un plaisir de circuler dans cette ménagerie extraordinaire et l’on se prend à guetter l’expressivité sur ces faciès animaliers, à observer le travail opéré par Benjamin Dewey sur les postures des uns et des autres.


L’intrigue avance vite, et efficacement, et l’on rêve à présent d’une grande aventure épique qui conviendrait parfaitement au cadre installé. Demeurent cependant quelques imperfections ou approximations. Comme le format des bulles de dialogues, qui n’est pas des plus heureux et tranche un peu trop avec le dessin. Et sur le fond, des facilités dans la caractérisation de certains personnages - notamment du côté des "vilains" - et dans le développement de certaines situations.


C’est sans doute là qu’il manque encore un petit quelque chose, une forme de maturité, pour que ce titre, prometteur et enthousiasmant au demeurant, devienne en quelque sorte le successeur d’un Fables, dont la publication vient juste de s’achever chez nous, et dont il pourrait reprendre le flambeau du merveilleux modernisé. Quelque chose de l’ordre de la nuance, de l’ambivalence ou de la faille que l’on souhaite voir faire irruption dans les prochains volumes.


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seleniel
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le 16 juin 2016

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