Ce seconde épisode reste dans la même veine que le premier : un récit mettant en scène l'auteur qui interviewe Hakim. Une double-page au début résume commodément le tome précédent. Ce deuxième tome s'intéresse au passage vers l'Europe : ce qui l'amène (l'incapacité à trouver du travail à Istanbul, la nécessité de retrouver la belle-famille passée en France), et surtout comment il se passe. Le moment fort est le passage en canot pneumatique vers l'île de Samos, de nuit, dans des conditions très précaires. Encore une fois, l'intérêt est de montrer que ces migrants sont en général des gens instruits, de la classe moyenne, qui fuient des situations très précaires et veulent retrouver une vie normale, mais se retrouvent bloqués dans un purgatoire qui leur interdit tout avenir. Pour trouver un refuge digne de ce nom, et face à la menace d'être refoulés en Syrie, il passent pour l'Europe dans des conditions qui les font se sentir comme du bétail et les met en danger. Le récit d'Hakim n'est pas un récit-choc : des migrants ont connu très certainement des conditions bien pires que lui, mais il permet de se projeter de l'intérieur en voyant ce qui nourrit ces prises de décision. Ici, la présence d'un enfant en bas âge rajoute, s'il est besoin, de l'émotion.


Encore une fois, je ne suis pas un grand fan du graphisme, et cette bande-dessinée n'a rien d'une oeuvre géniale. Elle est illustrative mais elle est nécessaire.


Synopsis.
Arrivé à Istanbul, avec une jeune épouse enceinte, Hakim galère, car il y a de plus en plus de migrants syriens et peu de travail, mal payé. Son beau-père, Abderrahim, obtient un visa en France et fait venir se famille, mais il ne peut faire venir Hakim et le jeune Hadi. Hakim doit rester seul, sans travail, en s'occupant d'un nourrisson. Najmé revient le voir, mais les démarches administratives n'avancent pas. Il déménage vers un appartement plus petit. Son voisin, Razzaq, connaît une filière pour passer en Europe via les îles grecques de l'Egée du Nord-Est et lui avance l'argent.


Il part en bus à Izmir et découvre les passeurs qui démarchent les candidats migrants en pleine rue, les magasins qui vendent des gilets de sauvetage douteux, les hôtels prohibitifs, etc... Un passeur est libre, Hakim décide de le prendre dans la foulée. De nuit, on les parque dans un camion de livraison, les amène sur une plage, leur fait gonfler un canot pneumatique, puis on leur donne une direction à suivre en se guidant sur les lumières de Samos. Ils tombent en panne, sans trouver du réseau, et le bateau prend l'eau : les hommes descendent dans l'eau. Un bateau de garde-côte grecs les trouve (il s'avère après-coup qu'un des passagers, influent, a trouvé du réseau et fait appeler à l'aide). On les enregistre et les emmène dans un camp avec lits superposés. Un ferry les amène jusqu'à Athènes avec un visa de deux semaines, sous le regard de touristes étonnés. A Athènes, Hakim prend un bus pour la Macédoine.

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le 25 juil. 2020

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