Les trois premiers tomes de DEATH NOTE sont un régal. Le duo Obata/Ohba fonctionne à plein régime autour d'une histoire simple en apparence, puis qui gagne en importance. Light Yagami, brillant lycéen, ramasse un carnet grâce auquel on peut tuer une personne, à condition de connaitre son nom et son visage. Il décide donc de construire un monde meilleur en éliminant les grands criminels de la planète. Interpol dépêche donc L, détective mystérieux et énigmatique pour démasquer celui qui se fait désormais appeler Kira (Killer à la japonaise). DEATH NOTE régale dans ses premiers tomes du fait de la proximité que l'on a avec les personnages et l'échelle utilisée, où Kira émerge à peine de Yagami, où L et lui s'affrontent et se piègent à distance. La dynamique se grippe un peu avec l'apparition du second Kira, Misa Amane, qui brouille les pistes dans la traque sans fin que se livrent les deux camps. La série prend ainsi un gros coup autour des tomes 5 et 6, les personnages s'usant au fur et à mesure à travers une intrigue qui devient de plus en plus tortueuse et difficile à appréhender.
Puis vient ce fameux tome 7 que critiquent tous les détracteurs de la série, qui aurait pu clore la série sur une pointe mélancolique et tragique plutôt réussie. Les contraintes de publication du Jump ainsi que, sans doute, la volonté de ne pas finir comme "ça" (c'est dur d'en dire plus sans spoiler), font que la série continue pendant cinq nouveaux tomes, qui certes sont passionnants, mais fonctionnent avec un air de déjà-vu. Les nouveaux personnages ne parviennent pas à insuffler la fraicheur qui caractérisait les premiers volumes de la série. Reste que le final de la série est superbe et dantesque, avec un Yagami au sommet.

Ce que l'on peut regretter, c'est que la série ne pousse pas plus loin l'appréhension du symbole de la "mort juste" contre la "justice", symbolisée par Kira et L, deux colosses qui s'affrontent dans un monde qui change irrémédiablement. Les quelques pages un peu "gothiques" (genre avec des dessins de divinités pour faire flipper les lecteurs japonais et gagner en popularité...) ne sont hélas pas suffisantes pour créer une vraie ambiance qui serait en l'occurence de type seinen.
La forme est elle aussi construite de manière assez bancale. La disposition des cases, les dialogues des personnages secondaires (les répliques du père de Light sont pathétiques par moment) et l'avancée de l'intrigue ne correspondent que trop bien à l'envie de séduire un public en majorité adolescent et adepte de shonen, délaissant la gravité du propos pour mieux favoriser une entrée plus facile dans l'intrigue (la partie de tennis en atteste assez bien).

Si la note est plutôt élevée compte tenu des critiques formulées, c'est que j'ai énormément accroché aux trois premiers tomes et à l'ambiance générale qui s'en dégageait, mais qui finit malheureusement par se perdre à mesure de l'intrigue prend une ampleur trop grande pour être efficace.

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le 26 août 2012

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Pariston

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