Disney, les lointains débuts !

Le pitch est déroutant, quoi de commun entre Mère Teresa, Nelson Mandela, Martin Luther King, Albert Einstein et les frères Disney ? Les Éditions 21 grammes – le poids d’une âme selon le fantaisiste docteur Duncan McDougall – se targuent de dessiner des biographies d’hommes d’état, inventeurs, artistes… ayant contribué à rendre notre monde plus libre, plus beau, plus fraternel.

Disney est objectivement une machine à broyer qui avale, standardise et rentabilise notre imaginaire. Pourtant, il y a bien eu un homme derrière la bête. Grâce à un subtil travail de coupes et d’ellipses, le scénario d’Alex Nikolavitch rappelle que Walt Disney a créé le dessin animé parlant, le long métrage animé, qu’il a su anticiper la puissance de la télévision et imaginé les parcs d’attraction. Ce faisant, il a émerveillé parents et enfants. Son frère, le méconnu Ray, a tenu les cordons de la bourse, maintenant l’indépendance du petit studio, avant de le faire grandir...

Plus surprenant est le choix artistique de Felix Ruiz, qui associe biographie documentée au très caractéristique dessin « Disney ». L’ancien lecteur de Piscou magazine retrouvera avec plaisir le trait arrondi et caricaturé des personnages et des décors, les couleurs vives, dans des cadrages modernes.

Nikolavitch ne triche pas, Walt est aussi un belliqueux ultra conservateur, un égoïste qui, sous prétexte de faire rêver, a brimé et pillé. Manager impitoyable, il a peu dessiné, mais, conformément aux termes des contrats, s’est attribué les créations de ses équipes. S’il a contribué, un peu, à embellir le monde, ses héritiers n’aspirent qu’à en faire de l’argent. Le créateur s’est effacé derrière les financiers. Mickey, revient, ils sont devenus fou !