Devilman
8.2
Devilman

Manga de Gô Nagai (1972)

Pour comprendre Devilman, il faut parler de sa violence. La violence dans Devilman est omniprésente ; pas une violence sexuelle, mais une violence physique et psychologique qui peut aller extrêmement loin dans le sordide et le traumatisant. Enfants sacrifiés, femmes décapitées, métamorphoses abjectes, hystéries collectives menant au lynchage de familles entières, personne ne sera épargné par les flots d'horreurs qu'abat Go Nagai sur son œuvre.
Seulement, il ne s'agit jamais d'une violence gratuite. En allant dans de tels extrêmes, elle cherche à atteindre un but précis : provoquer chez les lecteurs des sentiments de rejet envers les causes de cette violence absurde. Devilman est une œuvre engagée, une œuvre qui dénonce, et à ce titre, rien ne sera jamais trop fort afin que passe le message du mangaka.
Le message de Go Nagai pourrait ici se résumer à un constat simple : l'homme est un loup pour l'homme. Loin des histoires d'amour et de paix véhiculées par des animes comme UFO Robo Grendizer, l'auteur s'emploie ici à combattre les aspects les plus abjectes de l'être humain : sa proportion à faire la guerre et à polluer, et surtout sa peur de l'autre, sous prétexte qu'il est différent.
Et pour y arriver, je vous l'ai dit : il n'hésite jamais à appuyer ses propos par des scènes bouleversantes, des morts ignobles, un pessimisme radical, une noirceur sans égale, et toute autre technique qui lui permettrait de choquer le lecteur donc de le marquer.
Des thèmes aussi forts et une façon aussi abrupte de les traiter, sans concession et avec une mise en page percutante, ne pouvaient donner, dans les mains d'un maître comme Go Nagai, qu'un manga exceptionnel. Et Devilman est exceptionnel. Je n'avais pas été à la fois aussi impressionné et passionné par un manga depuis plusieurs années. Il ne se lit pas, il se ressent. Je crois que ceux qui ne l'ont pas lu ne peuvent pas comprendre à quel point il s'agit d'une œuvre hors-du-commun, de celles qui vous prennent aux tripes et ne les lâchent plus avant de les avoir triturer dans tous les sens possibles et imaginables pour les laisser dans un état lamentable. Un manga dur, où les personnages principaux ne seront pas épargnés et devront faire face à de terribles épreuves, et dont le lecteur ne sortira pas indemne.
Et pourtant, derrière toute cette haine et ce sang se cache une forme de beauté, quelque chose qui transforme Devilman en une œuvre absolument magistrale. Je comprends désormais pourquoi elle jouit du statut de manga culte, voire de titre culte : elle est époustouflante.
Ninesisters

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