Septième menu et toujours autant de saveurs dans les opus de DoggyBags avec 


une crème onctueuse de scénaristes sous le bouquet relevée d'illustrateurs.



Run et le Label 619 proposent leurs trois nouveaux plats du jour agrémentés d'entrées en encarts publicitaires sauce maison et de passionnants desserts de pistes complémentaires et de sources d'inspiration. L'on s'y régale allègrement d'un pavé de bêtise humaine, de coupes pleines de sang versées et d'ombres damnées de glace. Attention cependant, c'est de l'homme au menu, servi pour les loups que vous êtes à vous lécher là les babines retroussées. Bon appétit !


Premier plat sauce Texas, concocté par Run autour de la folie soudaine et collective qui mène aux furies macabres : Welcome Home Johnny. 


Un retour grillé à l'irakienne de soldat au pays,



agité d'un soupçon de haine relevé de racisme, et cette question épineuse et brûlante du point de vue sous les attaques de terroristes – lequel est celui de l'autre ?



Parle pas de valeurs ! Les tiennes, tu les as laissées à l'ennemi,
traître à la race!



François Amoretti sert le récit en trait assuré : visages fermes, courbes splendides dans un sens des ambiances maîtrisées, couleurs lumineuses pour illustrer en rondeurs et en ombres aux contrastes marqués ce que l'amour, l'ennui, et les regrets tentent pour ne pas finir :


victime des pires ennemis qu'une nation puisse connaître : la
bêtise, la haine et l'ignorance.



Second plat mariné au sang des Carpates, mitonné par Hasteda : Lupus promet


le loup sec et mordant pour ne pas dire la viande saignante et fraîche



en maintenant le rythme haletant de volonté et d'espérance, nous emmenant en courses derrière une flanquée d'hommes et de femmes vers un savoureux twist final.



Je gère ma propre compagnie d'export... et je suis navrée que tu
l'aies découvert



Dressé par Mëgaboy, l'entremets se présente en trait rond de caricatures tendres aux yeux plus gros que l'âme dans la grisaille, et y insuffle de découpage et d'attaques une dynamique irrésistible au point qu'on s'y demande du loup ou de l'homme : lequel est-ce ?


Chaque jour je me pose cette question



Wintekowa, le plat final est inspiré des meilleures légendes indiennes des territoires frontaliers à l'Est du Canada et des États-Unis et propose une éternelle et vile damnation à quiconque en abuse. Sous le sucre de la neige, le chef du jour, Hasteda, mêle la disparition d'un fils, la rancœur d'une femme et la solitude d'un homme pour présenter un drame de sang familial fantastique.
Le tout préparé par le meilleur commis de DoggyBags, pâtisseries magnifiques en allers-retours de couleurs et de noir et blanc pour raconter l'histoire en flash-backs, Mathieu Bablet y développe de superbes raccords cinéma : d'une porte à l'autre, d'un sommeil à l'autre, le détail récurrent des poings disposés en inserts, sous


une magique atmosphère de neige superposée,



splendide jusqu'au twist magnifique sous les immenses bois majestueux du Wendigo final.


Vous l'aurez compris, de l'animal ou de l'homme, lequel mange-t-on ? Le menu de ce volume a 


un goût exquis de perspectives sur la nature trouble et bestiale de l'homme,



et du loup au sasquatch, l'homme y laisse de sa viande en s'y dévorant lui-même. Bref, une excellente et très recommandable concoction de récits courts, jamais lourds ni faisandés, mais savoureux et sanglants, frais et puissants, qui vaut assurément qu'on s'y arrête pour dégustations à loisir. Loin du casse-croûte, haute-cuisine gore !

Matthieu_Marsan-Bach
8

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le 5 mars 2018

Critique lue 158 fois

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