C’est un fait ne souffrant aucune contestation, Rick Remender est un scénariste de génie, et un artiste prolixe, prolifique. Sean Murphy est un artiste avec un talent incroyable, capable de nous plonger au cœur d’un univers, d’une histoire en seulement quelques planches. Alors voir les deux personnages s’associer pour nous offrir une vision cauchemardesque de notre futur, il était impossible de résister et de ne pas baver d’envie.


L’archipel de Los Angeles, 2089. L’Humanité est devenue totalement accro à la technologie. Créer le buzz est désormais l’unique motivation d’une population tenue dans une dépendance virtuelle par le consortium du divertissement Flack Corp. Led Dent et Debbie Decay sont le bras armé de cette corporation et leur prochaine mission les emmène en plein cœur des Jardins Préservés de Tokyo, bien au-delà de l’influence néfaste de leur commanditaire…
(Contient les épisodes #1 à 5)


Nous sommes en 2089, à Los Angeles, le monde a continué d’évoluer (si l’on peut appeler cela évolution) en suivant le chemin emprunté depuis ces dernières années. L’Homme est devenue un zombie technologique, relié en permanence à des dizaines d’émissions de télé réalité, les yeux « greffés » sur les réseaux sociaux, filmant leur vie, s’amusant à torturer, tabasser des inconnus pour faire une nouvelle vidéo qui fera le buzz, le plus de vues, le sang et les morts sont un divertissements comme dans les Courses à la Mort. Les sentiments s’injectent par nano puce, le contact humain n’existe plus, et l’intimité est devenue la hantise de tout le monde !


Vision assez terrible de notre futur, mais si l’on y réfléchi, en retirant les éléments un peu excentriques (comme les sentiments par nano puce, bien que…) on peut facilement extrapoler et se dire que ce futur imaginé par Rick Remender, ce futur dystopique est carrément possible et crédible. On est clairement sur ce chemin. Si internet est clairement un outil formidable et utile, il est également cause de dépendances et le théâtre des pires déviances humaines, le plus souvent sans que la moindre réprimande ne soit envisagée. Certes tout est question d’évolution, et les nouvelles générations ont toujours été très critiquées par les précédentes, mais force est de constater que notre société est à la dérive ! Le ridicule, le navrant, la violence, le sexe prennent le pas sur le reste.
Alors cette vision, crédible, de Rick Remender, fait froid dans le dos !


Dans cette Los Angeles terrible, nous découvrons Led Dent et Debbie Decay. Des agents servant au bien être des habitants pour le compte de Flack Corp, le plus consortium de divertissement. Il est amusant que la « loi » est ici aux mains de ceux qui créent ce futur décadent, histoire que l’on ne vienne pas empêcher leurs « drogués » de quitter le droit chemin.
Led et Debbie sont en couple, du moins Debbie fait tout pour tenir le peu d’humanité qui reste de son chéri. Si Debbie est une zéro tech, n’ayant jamais été connecté, Led est l’un des êtres les plus dépendants qui soit à Los Angeles, vomissant s’il ôte son casque connecté et tombant dans les pommes si Debbie tente le moindre rapprochement intime avec lui.


Mais Debbie se bat pour eux, se bat pour Teddy, celui que Led était avant sa transformation, avant sa dépendance. Elle est persuadé que Teddy est toujours là, quelque part. Leur mission en court est sensée être la dernière. Debbie ayant obtenu en cas d’arrestation de l’anarchiste tueur Davey Trauma, qu’ils seront libérés de leur contrat ! Mais le patron de Flack Corp parvient à la manipuler pour qu’ils fassent une dernière mission, à Tokyo, une ville apparemment vierge de toute technologie mais préparant quelque chose de terrible à l’encontre de Los Angeles. Debbie accepte, mais avec dans l’idée de ne jamais revenir, Tokyo représentant tout ce dont elle rêve pour elle et Led.


Une fois sur place, elle découvre les Jardins Préservés de Tokyo, un lieu idyllique, correspondant à ses rêves les plus fous, un lieu où elle est sûre de retrouver Teddy, après toutes ces années. Mais le passé risque de chambouler tous ses plans…
Graphiquement, Sean Murphy nous livre un travail absolument merveilleux ! La vision effroyable de Los Angeles de Remender est super bien rendu. Tout n’est que sale, sanglant, sexuel, malsain, repoussant. Les personnages le sont tout autant. Quel choc alors quand nous découvrons cette Tokyo tout simplement magique, la végétation et la nature ayant repris leurs droits sur le béton et le goudron. Deux visions clairement différentes, totalement en opposition mais pour un même résultat, un formidable voyage à chaque fois, où l’on s’en prend plein les yeux !


Bref, Tokyo Ghost est un titre excellent ! Un voyage fantastique et inquiétant en même temps. Un récit où Remender nous pousse à la réflexion sur le chemin que nous empruntons et à nous bouger pour agir tant qu’il n’est pas trop tard. On passe de l’horreur au rêve à travers une touchante et douloureuse histoire d’amour.

Romain_Bouvet
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le 24 sept. 2016

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