Exaspérant

Si je n'attendais rien de transcendant en lisant "Forever Bitch", j'espérais être au moins divertie. Cette BD a produit le contraire puisque je n'ai cessé de fulminer du début à la fin.

Si l'autrice affirme sa bonne foi en invoquant le fameux "inspiré de personnes réelles", je ne peux m'empêcher de penser que seuls certains traits de visage de ses amis se sont retrouvés dans la BD.
Les personnages sont stéréotypés entre le meilleur ami qui adore les ragots, l'amie célibataire qui saute sur tout ce qui bouge mais rêve secrètement d'une relation, stable, l’héroïne qui prend position contre le mariage pour revenir dessus deux cases plus tard quand son copain lui fait une demande, l'autre amie qui est dans une relation romantique depuis une éternité et qui se fait larguer en deux deux quand son copain se rend compte qu'il a peur de l'engagement (surprenant), la mère de l’héroïne égocentrique depuis qu'elle a divorcée.
Bref rien d'attachant, des personnages sans nuance et profondeur qui se retrouvent dans des milliards de BDs. Les gags sont vus et revus, les ressorts comiques prévisibles dès la première case.

Maintenant mon top 4 des fulminations dans l'ordre décroissant:

1. Le petit ami qui part en courant quand il apprend que sa copine a eu de nombreux autres partenaires sexuels avant lui et qu'elle aime la sodomie


2. Le meilleur ami gay qui se fait questionner sur "qui il baiserait s'il était hétéro" ; ses amis qui roucoulent sitôt la question posée et qui voient leurs fiertés blessées quand ce meilleur ami choisit une autre qu'elles


3. La morale finale qui est que "la vraie liberté est d'être aimée par la personne qu'on aime"... Je n'avais pas lu de morale aussi foireuse et dénuée de sens depuis longtemps


4. Le message sous-jacent de la BD qui est que le seul but d'une femme dans la vie est de vouloir être maquée et si possible mariée. Si une femme baise beaucoup, c'est qu'elle attend de trouver le bon, l'homme de sa vie et qu'elle est désespérée. Les femmes sont donc, dans la BD, en concurrence permanente entre elles, ce qui implique vacheries, réflexions désobligeantes et critiques à la première mini-jupe qui passe.

La BD date de 2013 et il n'y avait alors pas tant que ça de BDs de ce genre. Maintenant qu'il en sort tous les jours, nous avons aussi possibilité d'avoir du recul et d'exiger de la qualité. Dans l'ensemble, la BD est décevante et sans intérêt.

A la fin de la BD, la mariée regarde droit devant elle sans expression, seul moment peut-être qui aurait pu être exploité : à quoi pense l’héroïne ? que ressens-t-elle ? quels sont ses rêves ? ses ambitions hormis sa vie sentimentale ? On n'en saura pas plus, ce personnage n'aura été qu'un pâle stéréotype et cette esquisse de profondeur un hasard, un accident.

Contente d'avoir connu Diglee dans Libérée! avec Ovidie ; elle a le mérite d'avoir évolué depuis "Forever Bitch"