Excellente cuvée, peut-être un peu trop partisane...

Ferrandez… ou la BD reportage ! Une fois de plus, l’auteur de « Carnets d’Orient » distille, tel un producteur-fournisseur du chef Yves Camdeborde, une histoire de vie, une aventure du goût, un péplum de saveur à travers une palette de couleurs plus chaudes les unes que les autres, aussi chaleureuses que les relations nouées par Yves Camdeborde avec ses fournisseurs et amis, et un coup de pinceau toujours aussi somptueux et amoureux.

Yves Camdeborde l’entraîne sur ses traces, avec plus que son consentement tant les deux hommes semblent avoir d’affinités, à travers la France, à la découverte de ses fournisseurs, choisis au fil des années, des rencontres et qui tissent aujourd’hui les fils d’une seule et même grande famille, amoureuse de produits qui sortent des mains et de la tête d’êtres humains avant d’être la réalisation d’artisans et producteurs, amoureuse des choses de la terre et de la mer pour ce qu’elles ont de naturel, d’authenticité.

Vins naturels, pêche à pied du homard, beurre artisanal, fromage artisanal,... avant d’être des produits qu’Yves travaille dans son restaurant parisien (il a d’ailleurs une cohérente mais acerbe vision de son métier dans lequel il fait la part entre les vrais cuisiniers, de plus en plus rares qui travaillent les produits pour les transformer, et les assembleurs qui se contentent de réunir des produits finis et de les mettre en scène), ils sont des histoires d’hommes, de rencontres, d’affinités, des histoires de vie, comme je le disais plus haut.

Le talent de Ferrandez réside dans cette faculté qu’à le dessinateur à s’effacer, à se faire oublier derrière les personnages réels qu’il dépeint, derrière les scénettes qu’il décrit.

Le talent de Camdeborde se loge dans cet amour des produits qu’il part dénicher à droite à gauche tout en restant fidèle à ses producteurs historiques. Se dessine alors une carte de France du goût de l’artisanat, du travail à l’ancienne, du BIO, sous forme de réseau réunissant des hommes et des femmes qui tous partagent cette même passion.

La BD s’orchestre sous forme de cours chapitres autour d’une producteur, d’un lieu, d’un produit (vin, beurre, fromage, lait…), voire de ses outils de travail (les couteaux), entrecoupés de recettes forcément alléchantes mais pas forcément compliquées à réaliser.

Après, il y a un côté un peu didactique dans la présentation des producteurs avec à peu près à chaque fois quelques cases sur leur façon de travailler et, souvent, quelques cases pour dénoncer les dérives ou du consumérisme ou de l’industrialisation ou la lourdeur de la présence d’intermédiaires ou des grandes surfaces dans les circuits d’approvisionnement. Le message revendicatif reste toujours un peu le même (« c’était mieux avant », « le BIO c’est BON », « avant il y avait plus de troupeaux/vignes…, alors on revient aux bonnes vieilles méthodes d’avant et ça repart ») et, si tant est qu’il soit fondé, son côté répétitif et lancinant à tendance à en diluer sa portée et sa puissance.

Et il n’en reste pas moins non plus que, et Camdeborde et plusieurs de ses connaissances le reconnaissent, le recherche du produit artisanal ne va pas sans un prix qui se retrouve quand même aussi dans l’assiette du consommateur.

Malgré ce petit bémol, on a quand même envie de ces « Frères de terroirs » dans sa propre famille, histoire qu’ils nous mijotent de bons petits plats hauts en couleurs et en saveurs.

Ah sinon, un dernier petit mot pour conclure, Ferrandez et Camdeborde nous ont parlé vinification, pêche, criée, production de fromage… parce qu’on était en hiver et au printemps… vivement les légumes et les fruits de saison de l’été et de l’automne du prochain tome.

Rue de Sèvres confirme au passage la très bonne tenue de son catalogue…
Ga_Roupe
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le 31 déc. 2014

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Ga Roupe

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