Gen Nakaoka vit à Hiroshima. Les temps sont dures en cet été de 1945, la guerre fait rage mais sa famille est soudée et parvient à survire grâce à l’acharnement de ses parents, fabricants de sandales. Bien entendu, le pacifisme déclaré du père de famille les fait mettre au ban de la bonne société du quartier, mais la solidarité prime, que ce soit au sein de la famille ou avec leur voisin, M. Pak, travailleur coréen qui connait le racisme d’appartenir à un peuple vaincu. Mais au matin du 6 Août 1945, tout va changer.


Les premier tome de la sage met en place la societé d’avant bombardement, une societé au bord de la famille, contrainte de soutenir de toutes ses forces les troupes au front, noyée de fausses nouvelles sur un victoire imminente qui permet d’oublier que bien des fils ne reviendront jamais.
Et puis, la bombe, et tout change. La saga va s’étirer sur le temps, nous contant la stupéfaction et l’horreur des premiers jours, la tentative de survis dans une ville devenue hostile, puis le rejet des victimes de la bombe, la mort qui continue à frapper, le déni, puis l’occupation américaine, et une societé qui tente de se reconstruire. C’est tout cela que raconte Keiji Nakazawa dans ce récit fortement autobiographique. L’auteur pointe assez clairement dans son œuvre la responsabilité de cette horreur à l’entêtement japonnais, à un déni de la défaite qui a plongé toute une ville, tout un pays, dans l’horreur.
Le trait est daté, mais très lisible, même s’il a un peu tendance à être parfois caricatural. Il ne nous épargne cependant pas l’horreur des corps mutilés et brûlés. On pourra un peu tiquer sur ce bon samaritain qu'est Gen, et sur l'apparente futilité de certaines intrigues, mais outre qu'elles ont le mérite de nous laisser souffler, elles ne sont jamais inutiles, car dépeignant la vie après la bombe avec ses moments de peine, ses moments de joies.


A mon sens, et même si le trait a un peu vieillit sans toutefois perdre de sa force, cette saga mérite de figurer dans n'importe quelle bibilothèque, loin des yeux trop innocents, ne serait ce que par la puissance et la rareté de ce type de témoignage.

Chat-alors
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le 25 août 2017

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