Grasse Carcasse - Blast, tome 1 par Rohagus
J'étais vraiment très intrigué par l'originalité et la beauté de la couverture, par le titre ainsi que par le résumé et cette notion de "blast". Aussi n'ai-je pu résister à l'envie d'acheter cet épais premier tome. Mes attentes se sont révélées à la fois comblées et déçues.
Comblées car je trouve le dessin vraiment fascinant. A force d'expérimentations, Larcenet a fini par atteindre une belle maîtrise de l'encre et des ombrages qui mettent superbement en valeur son trait volontairement simple. Combien de fois me suis-je arrêté pour contempler une case ou une grande image en une planche, me demandant quelle technique l'auteur avait utilisée pour donner tel ou tel effet. Certes les tons sont trop sombres à ce que j'aime d'ordinaire, certes les visages des personnages ne sont pas toujours esthétiques, mais malgré cela, je trouve la majorité des pages de cet album tout simplement superbes.
Mais je suis plus mitigé pour le scénario. Son idée de départ est bonne mais malheureusement pour moi, je n'ai pas été touché comme j'aurais aimé l'être.
Je me sens très éloigné du personnage principal. J'ai le sentiment que Larcenet a fait le choix de ne pas le rendre sympathique, de lui donner de vrais défauts et une vraie humanité. Mais je n'arrive pas à comprendre cet anti-héros. Ses angoisses, ses divagations mentales, ses hallucinations et son alcoolisme sont trop éloignés de mon être pour que j'arrive à éprouver de l'empathie pour lui.
De même, le "blast", que j'imaginais avant lecture comme une extase poétique, une libération de l'esprit, ressemble finalement davantage à une hallucination due à l'ivresse ou à quelque affection mentale. J'ai encore l'espoir que ce ne soit pas le cas mais Larcenet n'a pas réussi, pour le moment, à me transmettre les émotions qui me permettraient de le ressentir différemment. Sous cette forme là, ce "blast" n'a pas su me toucher. Je n'arrive pas à le comprendre, à m'imaginer le ressentir personnellement, et du coup je n'arrive pas à saisir l'attirance intense qu'il a pour le héros.
En définitive, les pérégrinations du personnage principal m'ont paru empreintes de moins de poésie que d'égoïsme et du délire d'un homme qui sombre dans l'alcool et la maladie.
J'aurais aimé être davantage transporté. La beauté des planches y aurait presque suffi à elle seule, mais le scénario n'a pas encore su me toucher comme je l'aurais souhaité. Peut-être la suite me convaincra-t-elle davantage...