Je t'aime, moi non plus.

Habibi est pour moi très surprenant. De Craig Thompson, j'ai lu il n'y a pas un mois Blankets, qui parlait, déjà, de religion. De celle de l'auteur, étant donné qu'il s'agit d'une autobiographie, soit le christianisme. Désormais athée, Thompson conte ici l'histoire d'une jeune femme, Dodola, et de son fils adoptif, Cham, Zam, Habibi, mais aussi l'histoire de l'Islam à travers toutes les histoires que Dodola raconte à Zam.

Au niveau du dessin, rien à redire, j'ai préféré ces dessins là à ceux de Blankets car ils ont plus de rondeurs, de sensualité. Les corps, les visages, les paysages, tout est vraiment beau et nous plonge dans un ailleurs intemporel. Par contre du côté narratif, je suis un peu perplexe. Plongée dans ma lecture, j'ai avalé le roman graphique en un après midi, et j'ai navigué entre neuf, huit, et six.... D'où mon sept. J'ai trouvé très intéressants- et assez bien amenés- les histoires tirées du Coran, qui sont des histoires que je connaissais déjà mais dans des versions différentes. L'histoire de cette petite fille ballottée de point en point, qui vend son corps et a le sens du sacrifice, souvent, ça passe bien. Mais parfois, je trouve ça trop. Trop de malheurs pour deux personnes, trop d'abnégation, et finalement trop de religieux aussi. La fin particulièrement. Un peu trop de "je vais vous expliquer la vie" pour moi. C'est poétique, mais trop moralisant à mon goût. Ceci dit j'avais eu la même impression en lisant Blankets, de cette omniprésence de la morale et du religieux, qui pourtant finissait par se dissiper. Ici, au contraire, ce sentiment est allé grandissant.

En résumé c'est une œuvre que je recommande, très belle, mais qui me laisse un arrière-goût d'étrangeté.