Il m’aura fallut du temps pour me décider à me lancer dans la lecture de ce comics. L’histoire m’a tout de suite intéressé. Etant fan de tout ce qui a trait de loin ou de près à la théorie du complot, je me suis jeté dessus sans la moindre hésitation. Mais l’auteur, Robert Venditti ne me dit rien, en soi ce n’est pas gênant. Puis j’ouvre le bouquin et là ! Douche froide ! Les dessins de Mike Huddleston sont vraiment bloquants. Si bien que l’ouvrage prend la poussière pendant dix mois dans ma pile de lecture. Pourtant, l’histoire me fait de l’oel, puis je découvre Venditti sur Clones et sur Green Lantern, et j’aime assez ce qu’il fait. Prenant mon courage à deux mains, je me lance alors dans cette nouvelle lecture.

Chercheuse émérite de sa génération, le Dr. Laura Regan est à la tête du Centre National des Maladies Infectieuses des États-Unis. Mais lorsqu’un de ses proches collègues est retrouvé mort, le crime lui est immédiatement imputé. Avec l’aide de trois agents fédéraux, convaincus que cette accusation sans fondement dissimule en réalité une conspiration d’envergure gouvernementale, la jeune scientifique va devoir échapper à la traque de mercenaires déterminés, mais aussi d’une équipe de cyber-détectives plus renseignés sur elle qu’elle ne l’aurait imaginé.

Autant aborder les dessins de suite, vu que ce sont eux qui m’ont bloqué pendant si longtemps. Non pas que ce soit moche, bien que en regardant certaines cases, mais disons que cette expérience graphique est déroutante. Intelligente et bien pensée, mais déroutante. Le dessinateur et coloriste, Mike Huddleston, nous offre une drôle d’expérience avec ce one-shot. Mêlant les genres. On a du dessin à main levée, du montage avec l’ajout d’éléments photographiés comme les véhicules ou les bâtiments. Ce qui dénote pas mal avec le reste des dessins. Des dessins plus travaillés, du noir et blanc, de la couleur, de l’abstrait. C’est limite agressif comme procédé, cela ne permet pas de s’identifier aux personnages ou à quoi que ce soit. Et pourtant, certaines idées sont excellentes, principalement celle sur les différences de couleurs en fonction des scènes. Du flou lorsqu’on est en présence du président, afin de garder un aspect abstrait, de cacher son identité, du rouge pour l’action et les fusillades, le bleu/vert pour le calme. Si cela est assez déroutant, ça n’en reste pas moins très vivant, très rythmé.
Par contre, je suis fan de sa couv ! Elle illustre à merveille le récit.

Une fois l’effort fait pour passer outre les dessins, plongeons dans l’histoire. Robert Venditti nous emmène au cœur du gouvernement américain. Au cœur d’un complot assez terrifiant, visant à priver le peuple américain de ses libertés vu qu’il refuse de l’abandonner. Et ce complot, cet acte terroriste remonte loin dans le gouvernement, dont certains membres disent agir de la sorte pour le bien du peuple, qui a trop de libertés pour être protégé correctement, comme le désir le président.
Au cœur de ce complot : le docteur Laura Regan. Elle et son binôme, sont les seuls aptes à mettre à jour ce qu’il se passe. Le chef de la sécurité intérieure décide de faire en sorte de contaminer un objet du quotidien, afin que le peuple ne l’utilise plus. Une contamination avec une nouvelle bactérie virulente, agressive et inconnue. Sauf par Laura Regan et son binôme, qui ont étudié cette bactérie et ont même trouvé un vaccin. Le collègue de Laura Regan va se faire assassiner par des hommes de l’ombre du gouvernement. Et Laura aurait du suivre si un agent du FBI, un agent des services secrets et un du bureau de défense des consommateurs, n’avaient pas flairé qu’il se passe quelque chose ! S’engage alors une course poursuite entre les gentils en sous nombre face à l’ogre aux moyens démesurés que représente le gouvernement, prêt à tout pour ne pas être mis en lumière.
Pas mal de personnages, mais ils ne sont cependant pas là pour servir l’histoire ou sa narration. Bien au contraire, ces personnages sont même plutôt là uniquement pour faire que l’histoire soit vivante, pour la faire avancer, pour la rendre vivante et prenante. Cela se remarque d’autant plus que Robert Venditti ne s’attarde sur aucun d’eux, pas de backgrounds, pas de longs passages sur eux. Non ! Ils ne sont que des noms, des pions dans ce grand jeu que joue Albert Keene. Et en soi, cela n’est pas gênant, l’histoire est se suffit à elle-même. Et si tous les personnages remplissent parfaitement leur rôle dans cette histoire, le trouble et l’incertitude entoure l’oncle Frankie. Pas très clair ce bonhomme, difficile de comprendre quel rouage il est.
L’intensité ne fait qu’augmenter tout au long du récit, et plus nous avançons, plus nous comprenons l’envers du décor, plus nous sommes abasourdi par ce que permettent les grandes pontes du gouvernement. Dommage que la fin arrive si vite et de façon si abrupte ! C’est un peu trop too much. Pire cela casse tout le rythme de notre lecture. On remballe tout et on fait comme si de rien était. Et si un méchant, du gouvernement, est mis hors jeu, il est vide expédié à la case décès par un plus machiavélique que lui. Ne laissons aucune trace…

Si l’histoire de Robert Venditti est une œuvre de fiction, je l’espère d’ailleurs, on peut se demander s’il n’y a rien de semblable dans notre monde. En effet on ne peut dire que les politiques soient des modèles de vertus et de vérité. Il est bien connu que dire la vérité aux gens du peuple n’est pas spécialement l’attrait premier des différents gouvernements à travers le monde. Ils seraient plutôt du genre à tout cacher à tout prix ! Et Robert Venditti le montre très clairement dans son récit, lorsqu’une vérité risque d’éclater il y a trois possibilités. Mentir, faire taire tous les témoins, où alors laisser la vérité éclaté et l’a dénigré afin de la rendre ridicule aux yeux du plus grand nombre. A aucun moment il n’est question de vérité et d’honnêteté, alors assumer ses actes n’en parlons pas…
Si l’on parle de squelette dans le placard pour le commun des mortels, pour les hautes sphères de notre monde, le dessin de couverture de Mike Huddleston résume parfaitement la chose, c’est plutôt un charnier sous la maison.

Bref, malgré des dessins trop artistiques, trop expérimentaux, ce thriller politique de Robert Venditti est passionnant. On se prend au jeu, on est en haleine de bout en bout. Dommage, car la fin nous tombe d’un coup, et avec bien trop de facilité sur le bout du nez…
Romain_Bouvet
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le 1 mai 2014

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Romain Bouvet

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