I'll
7.3
I'll

Manga de Hiroyuki Asada (1995)

J'ai souvenir de I'll à l'époque où cela s'appelait encore Generation basket. En France, il a fallu attendre que Tonkam reprenne l'édition de I'll (que gérait au départ Glénat) au bout de 8 tomes. Je m'en souviens encore ; attendre que la réédition se fasse, les nouveaux tomes qui paraissaient mais différents dans la forme, la traduction, même le papier... A la relecture, aujourd'hui encore je m'ébahis de la version antérieure. Ça ressemble à un début de critique négative mais il n'en est rien et je remercie Tonkam d'avoir assuré jusqu'au bout la parution de cette série sublime.
Il y a énormément d'éléments qui m'ont influencé dans ce manga. Au niveau de l'enrichissement de soi déjà, et ce n'est pas rien, mais aussi au niveau créatif. De plus, il constitue un excellent divertissement dans lequel toutes les intentions font mouche. La preuve : beaucoup disent (et dirons encore probablement) ne pas être vraiment intéressé par la basket. Je pense que beaucoup, aussi, conviendront que sa force repose sur la contraction de '' I will '' plutôt que sur une discipline.

Même l'histoire en soi, au premier abord banale, nous convainc très rapidement et réussit à nous enchanter jusqu'à la fin. On suit la progression d'une équipe de lycée (de basket-ball, si si), le lycée Kouzu et celle de ses joueurs, dont le/s personnage/s principal/aux : Akane Tachibana et Hitonari Hiiragi. Leur rivalité alimentera l'ensemble de l'histoire, d'ailleurs, mais tous ont leur personnalité propre et surtout leurs intrigues. Ainsi quelques chapitres seront quasiment entièrement consacrés à des personnages de soutien, même longtemps après leur découverte ou leur ralliement à l'équipe. La progression générale et les victoires dépendent donc, non pas de quelques élites, mais de l'ensemble du groupe (oui, c'est normal, mais dans un monde de conventions et de diktat, ce n'est plus si évident). Je ne m'étends donc pas sur TOUTES les valeurs communiquées tellement elles sont pures et nombreuses. Pures dans le sens où elles sont apportées sans prétention, mais par nécessité, c'est ce qui rend ce manga à la fois très concret, crédible et, putain, diablement poétique.

Aux premières lectures, j'étais assez jeune, je faisais aussi du sport (pas de basket mais on s'en fout) donc les valeurs du type l'union fait la force, l'évidence même, ne me paraissaient pas justifier autant de matchs. Je préférais largement suivre les histoires personnelles des protagonistes, qui étaient très drôles et/ou très fortes en émotions. J'ai appris avec l'âge et les expériences de la vie et beaucoup de drogue que tous ces matchs étaient bien entendu nécessaires mais, peu importait la finalité, c'était toujours une victoire sur la solitude. Et on touche là au gros point fort de I'll. Tous les personnages souffrent dans leur solitude. Oui, comme tout le monde, ou presque. Sauf qu'ici, il y a un amalgame de méthodes qui transcendent le procédé narratif. Déjà, le charisme fou des protagonistes (le dessin est '' assez '' simple mais le détail qui leur est accordé et une certaine féminisation des traits les rendent magnifiques) ; l'épuration épisodique de la trame rend chaque nouvelle étape au moins aussi intense que la dernière ; les à-côtés ('' Kanemoto ! Du thé! '', tant d'autres...) ; et puis cette facilité avec laquelle on compatit avec tous, même ceux qui apparaissent comme des salauds dans un premier temps... Et puis... je ne sais pas... poésie, instants de vie, jamais gratuit ou pour faire beau... J'avoue m'être senti, à plusieurs reprises, seul au monde tant je m'émerveillait de toutes ces choses. Quelqu'un d'autre pouvait-il comprendre tout ça ? Pour me rassurer, je me disais que j'étais un peu comme eux et qu' un jour, peut-être. Mais en fait, l'ensemble du manga nous prouve, justement, que tout le monde combat ses démons ou ses problèmes ; et c'est dans l'union que l'on trouve la force et le courage de livrer, même seul, bataille.

Personne n'est mis de côté, et l'influence de toutes ces personnalités uniques, ma foi, témoigne déjà assez de la qualité du récit. C'est un ressenti personnel, mais comme j'aime à le dire : la simplicité n'est pas un luxe que tout le monde peut s'offrir.
Outre cette appréciation et cette analyse générale de l’œuvre, il y a quelques points qui me viennent immédiatement à l'esprit quand je pense à ce manga : la rivalité de deux caractères (je pense être le seul à les trouver identiques dans le fond) ; le dévouement et la performance de chaque autre membre (et même des persos hors équipe) qui atténuent cette rivalité ; l'humour, toujours bien placé sans en faire des caisses. D'ailleurs je m'arrête un peu sur l'humour : ce que je trouve génial, c'est qu'Asada Hiroyuki aille même jusqu'à créer des personnages totalement délirants juste pour une planche ou quelques cases pour un gag. On voit ça ailleurs, bien sur, mais le fait que, même ceux-là semblent avoir une personnalité propre, ça ajoute une loufoquerie certaine. Les résumés en début de tome sont sympathiques aussi ; alors ça paraît peut-être dérisoire, mais rien que ça, c'est un effort plaisant qui donne un ton. Et puis, sérieusement, Akane Tachibana. Au moins dans mon top 5 des meilleurs personnages de manga ; j'apprécie aussi particulièrement Harumoto (et son Moustache three badass) et Vicious Tetsuro (pour son passif destroy et la référence à Sid).

Quoi d'autre ? Plein de choses, forcément, malgré une fin (logique et cohérente) qui nous bousillerait presque. Les histoires de fin de volume, les références populaires mondiales, les valeurs, l'humour, tout est bon à prendre. Ce qui est dommage, c'est qu'il soit trop souvent comparé à Slam Dunk (grosse affaire, excellent aussi) et la majorité a tendance à juger l'un par rapport à l'autre. Ce serait comme comparer Shonan Junai Gumi avec Racaille Blues ou GTO avec Rookies : un manque d'imagination certain et un penchant presque pervers pour la perte de temps.
H0lycheat
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le 15 nov. 2014

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