Idéal Standard
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Idéal Standard

BD franco-belge de Aude Picault (2017)

Pressée comme un agrume par la société, Claire, la trentaine révolue, est en quête du grand amour. Las, les hommes sont des goujats infantiles, véhiculant sans cesse les clichés dont se nourrit le patriarcat, tour à tour mufles égocentriques ou bienveillants incapables.


En dévorant les premières pages de la BD d'Aude Picault, j'avais l'impression d'ouvrir un condensé d'ingéniosité spontanée, de tendresse et d'intelligence dans la capture des situations. Peu à peu, l'innocence des premières pages, incarnée par son ingénue héroïne, cède pourtant le pas à une critique acerbe, à une colère sourde contre une masculinité qui zappe la confiance et écorche les esprits des femmes, quand ce n'est pas leurs corps.


Ce combat est légitime. Mieux, il est nécessaire. La BD en est un format privilégié dans cette lutte, comme en témoignent les nombreuses autrices qui s'emparent de ce sujet (de Pénélope Bagieux à Ovidie et Diglee, pour ne citer que quelques unes de celles que j'ai le plus récemment lues) sous des formes diverses. Plus que tout discours, les situations illustrées et dessinées de violence, de harcèlement, d'humiliation, de dédain, d'incompréhension, donnent corps à une réalité que beaucoup d'hommes (et de femmes malheureusement) se refusent à regarder en face.


Mais alors que je m'acheminais vers la fin de ce roman graphique, j'ai été marqué par la désespérance globale qui l'anime vis à vis du sexe mou dont il ne reste, semble-t-il, plus grand chose à sauver. Si je ne suis pas le dernier à reconnaître la responsabilité des hommes dans les maux de la société, je n'ai pourtant pu m'empêcher d'éprouver une certaine gène face à ce tableau bien noir, comme je l'aurais été d'une BD qui aurait enfermé la femme dans des clichés.


Mais après tout, le désespoir est aussi une réalité pour nombre d'entre nous, et il n'est pas de raison qu'il ne soit couché sur les planches jaunes canaris d'une œuvre qui vise surtout à réveiller la conscience des oppresseurs et des opprimées. Quelque soit la gène que j'ai ressentie, je ne peux que m'incliner devant cet idéal combat.


6,5/10

Fwankifaël
6

Créée

le 30 janv. 2019

Critique lue 139 fois

Fwankifaël

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