Critique de la série tome par tome.

Tome 1 : Un manga dont j'entends du bien depuis des années (peut être même depuis sa sortie, c'est dire) et que je n'avais jamais pris le temps de commencé, certainement car soit je n'y pensais plus, soit j'avais d'autres priorités d'achats. Mais ma bibliothèque, comme à son habitude, fait bien les choses et j'ai pu rentrer en contact avec le premier tome il y a peu.
Et j'ai vite compris pourquoi cette série était si populaire. Le concept est assez simple : dans une société alternative au Japon d'aujourd'hui, le gouvernement à mis au point un vaccin "pour la prospérité de la nation". Tous les enfants reçoivent le vaccin à la naissance et un sur mille mourra ensuite entre ses 18 et ses 24 ans. Pour une raison qui m'échappe et qui n'est malheureusement pas trop développée dans ce tome, ce procédé à permis de réduire drastiquement la criminalité dans la société japonaise et permet de redonner le goût de la vie aux citoyens. Du coup, ce génocide aléatoire est parfaitement accepté de la population et peu de voix semblent se lever contre ce système étrange. 24h avant la mort d'un jeune à cause du vaccin, un fonctionnaire vient remettre l'ikigami, le préavis de mort, pour lui annoncer sa dernière journée en vie.
Et c'est là que le manga est intéressant puisque on suit en fait, pour le moment en tout cas, les 24 dernières heures de ces citoyens. On voit leur situation avant l'ikigami et ce qu'ils vont faire après, comment ils vont essayer de donner un sens à leur existence. Le ton est très sombre, tragique, on retrouve toutes les injustices de la vie de tous les jours et toutes les humiliations à la japonaise (que ce soit scolaire ou dans le milieu du travail). En alternance on croise le fonctionnaire qui donne ses ikigami, mais il est plutôt fulgurant de l'histoire pour le moment. Mais ses positions sur ce système étrange peuvent donner lieu à des choses intéressantes par la suite.
Les deux arcs qu'on suit dans ce tome sont vraiment très bons. Ça profite d'un concept fort et porteur "que faire si il ne nous reste que 24h à vivre ?" et les situations proposées sont pour le moment variées et donnent des réponses vraiment intéressantes à cette question, et, je trouve, assez crédibles. Et on arrive à s'attacher à ses personnages de passage, bien qu'ils soient tous un peu loosers.
Vraiment un bon premier tome, encourageant pour la suite et en plus les dessins sont bons. [8]


Tome 2 : Je comprends vraiment pourquoi Ikigami est une série qui a eu un tel succès critique, c'est vraiment un très bon manga, passionnant à lire. Du bon seinen, qui sait allier tranche-de-vie et drame, et qui a un côté sombre mais pas complètement forcé et dégénéré comme d'autres titres du genre (Front Mission : Dog Life & Dog Style, plus S-F et action, c'est vrai, tombe complètement dans ce travers du sombre mal géré, surjoué, et ça peut être vite imbitable, ici ce n'est pas le cas). On retrouve comme pour le premier tome deux arcs dans ce volume, deux histoires vraiment très différentes qui montre vraiment encore d'autres aspects que peut revêtir cette dernière journée de vie. Bon, l'auteur à un peu tendance à se focaliser, directement ou non, sur les mecs qui ont une vie de merde et qui n'ont encore rien eu le temps d'accomplir, mais ça arrive à être suffisamment varié pour être intéressant. La première histoire est vraiment excellente, avec pour une fois un personnage féminin vraiment important (et plutôt réussi en plus), et pas mal de bons twists/éléments inattendus qui rendent le récit passionnant à suivre. Le second lui, arrive à construire une relation touchante entre deux personnage avec de beaux moments. Suivre un bout de vie de tout ces jeunes est vraiment agréable, même si ça reste toujours très triste et sombre (la première histoire est pas mal dans le genre...), il y a des relations intéressantes entre les personnages, on voit leur vision de la vie (pas au point d'un Ping Pong de Matsumoto, mais les personnages ont tout de même des profils psychologiques variés). Le dessin est honnête et sert bien l'histoire, et il y a toujours le fil rouge du mec qui apporte l'ikigami, qui reste un personnage qu'on ne connaît pas vraiment intimement, mais qu'on prend plaisir à suivre, notamment l'avancée de sa réflexion par rapport à son job et les conséquences que ça peut avoir sur ses relations familiales et amicales... Le passage où il croise une collègue est aussi très intéressant et il y a vraiment des choses à creuser de ce côté là.
Bref, très bon second tome d'Ikigami, qui confirme être un seinen très solide, à la hauteur de sa réputation pour le moment. [9]

Tome 3 : Ikigami est toujours une série agréable à lire, tome après tome. Avec deux morts par tome, chacun traité sur trois chapitres, l'auteur a trouver son petit rythme et ça fonctionne vraiment bien, surtout que pour l'instant il arrive à varier suffisamment à chaque nouvelle histoire pour éviter toutes lassitudes, et c'est toujours plutôt bien écrit.
Les deux récits sont intéressants, surtout le premier traitant d'une mère politicienne, qui propose un cadre intéressant et une histoire très bien mené. L'état d'esprit du jeune homme victime de l'Ikigami étant bien retranscrit, et le duo parental proposant une dynamique inédite. Y avait vraiment de bonnes idées dans ce récit.
Le second est un peu moins bon, il faut dire que j'ai eu plus de mal à comprendre la logique de celui qui avait l'ikigami (ou en tout cas à être d'accord avec sa façon de faire les choses) mais y avait encore une fois des idées intéressantes et c'était plutôt chouette de voir le personnage principal prendre un peu plus part au dernier jour d'une des personnes recevant le préavis de mort.
Après, plus globalement, on pourra déplorer le fait que les hommes semblent bien plus touchés que les femmes par l'Ikigami dans la série (je me souviens plus du pourcentage des deux premiers tomes, mais je ne crois pas que c'était moitié-moitié), et ce n'est pas toujours évident de bien capter l'état d'esprit très japonais de la série (j'ai franchement mis du temps à bien comprendre la pertinence potentielle que pouvait avoir tout ce programme de sauvegarde de la prospérité nationale). Mais ça reste une série très bien menée, très agréable et qui pose toujours des interrogations et des situations intéressantes, surtout dans les moments où le personnage principal parle avec son vieux collègue ou lors de ses moments de doute sur sa fonction et le programme. Le fil rouge se renforce et j'espère qu'on aboutira a de bonnes choses de ce côté là, un jour ou l'autre. [8]

Tome 4 : Très réussi ce tome 4 avec deux histoires vraiment efficaces. Bon déjà, la bonne nouvelle c'est que dans ce tome on a le droit à une histoire avec une femme touchée par l'ikigami, ce qui permet de rééquilibrer un peu la balance homme/femme. En plus l'histoire est très réussie, posant des questions intéressantes, et avec une bonne remise en question de l'ikigami (remise en question qui semble se faire de plus en plus forte dans la série, on avait déjà le mari de la politicienne du tome 3 qui voulait lui aussi agir pour arrêter ce programme...). La première histoire, sur l'éducation, avec ce prof d'anglais de 24 ans qui à l'air d'en avoir 31 était aussi très bien, montrant bien les pétages de plomb logique que peuvent entraîner l'ikigami quand il arrive à quelqu'un au fond du trou. D'ailleurs il y a un bonne répartition dans ce tome et dans le précédent entre les récits qui brisent un situation qui va plus ou moins bien, avec un certain équilibre et ceux qui arrivent sur un gars qui n'a déjà plus rien et est dans une situation insupportable. En fait c'est ce côté "briseur de statut quo" de l'ikigami qui est intéressant puisque la personne touchée se donne souvent un objectif à la con pour sa dernière journée (en même temps, si il ne s'en donne pas un et qu'il ne fait rien d'intéressant, le récit risque d'être un peu chiant, où il faudrait trouver un bon angle pour l'aborder).
Ah et le bon élément du tome, c'est que le côté fil rouge entre les différentes histoires qui se développe à la toute fin et qui pourra donner de bonnes choses par la suite et redynamiser la formule de la série (même si ça marche pour l'instant encore très bien). En tout cas, c'est sacrément intriguant et ça donne envie de lire le tome 5 rapidement. [8]
arnonaud
8
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le 2 juin 2014

Modifiée

le 4 oct. 2014

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arnonaud

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