Le vrai début de la série Spirou, le véritable album fondateur, c’est celui-ci ! Après avoir fait ses armes sur quelques histoires plus ou moins courtes, Franquin repêche un antique scénario à tiroirs imaginé par Jijé et son frère Jean Darc, dont il ne garde que le meilleur. Le résultat est bluffant : une aventure fluide, des personnages dynamiques, un dessin quasi-parfait.

La véritable révolution, c’est le dessin. Bien sûr Franquin avait déjà prouvé qu’il avait de l’or dans les doigts, avec plusieurs histoires de Spirou plutôt attrayantes ... mais les graphismes restaient un peu patauds, un peu vieillots, ou bien trop simples. Ici c’est un Spirou assuré, secondé par un Fantasio adulte, qui parcourent des décors bien travaillés, et rencontrent des personnages secondaires hauts en couleurs. La perspective est parfaite, les angles de vue sont novateurs, et le découpage étriqué est abandonné au profit de vignettes plus grandes, plus aérées, et mieux bâties. Franquin a fait un pas de géant !

C’est d’ailleurs avec ce deuxième album (qui n’est en fait pas le deuxième du tout) qu’apparait tout un pan de l’univers de Spirou : Champignac, son maire grandiloquent, son assistant Duplumier, ce farfelu de Comte avec ses idées parfois inquiétantes ... On est impressionné de voir un univers aussi construit, pour un héros jusqu’alors habitué à des aventures sans point d’ancrage. Ce n’est pas étonnant que le petit village de Champignac ait donné du grain à moudre pour les intrigues de Spirou des cinquante années à venir !

Il reste quelques défauts, notamment dans le scénario : Jijé et Jean Darc avaient peu à peu amassé des bribes d'intrigue autour de Champignac, d’un sorcier, d’un voleur, d’une force extraordinaire ... si bien que le matériau de base dont hérite Franquin est un capharnaüm absolu, bourré d’idées désordonnées. Trois idées centrales seulement sont retenues : la traque du sorcier, la force extraordinaire du Comte, et l’épisode du voleur. Alors bien sûr, les jonctions entre ces trois parties de l’intrigue sont un peu grossières ... mais comparé aux histoires de Spirou à l’époque, ce scénario est un modèle de fluidité, particulièrement cohérent et bien construit !

Avant cet album, Spirou se cherchait encore. Maintenant, Franquin a trouvé la voie.
Wakapou
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le 27 août 2013

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