J’ai une véritable petite affection pour les Inhumains. C’est une équipe importante mais qui reste assez discrète, assez anonyme. Il n’y a qu’à voir le push de Marvel il y a quelques années pour que les Inhumains pour remplacer les mutants qui n’a absolument pas fonctionné. J’ai vraiment l’impression que les Inhumains fonctionnent mieux à travers des mini-séries ou des featuring dans d’autres titres. J’en ai lu plusieurs en 2020, et j’avais vraiment hâte de me lancer, enfin dans la Tour d’Ivoire, récit culte pour les Inhumains par Paul Jenkins et Jae Lee.


Ni humains ni extraterrestres, les Inhumains évoluent depuis toujours en marge de notre société. Qui sont réellement ces êtres spéciaux si puissants, profondément transformés lorsqu’ils traversent l’épreuve des brumes tératogènes ? Et que cache le mutisme de leur roi Flèche Noire ?
Paul Jenkins (Wolverine : Origin) et Jae Lee (Dark Tower) éclaircissent certains mystères de l’un des recoins les plus méconnus de l’univers Marvel.
(Contient les épisodes de Inhumans #1 à 12)


Avec un artiste comme Jae Lee au dessin, je suis obligé de commencé par la partie graphique de cet ouvrage. Beaucoup n’adhère pas au style du dessinateur américain, certains lui reprochant de trop « statufier » ses personnages. Alors oui, je suis d’accord, il y a une impression de statisme avec ses personnages. Mais lorsque l’on se retrouve avec un livre de Jae Lee, on ne cherche par une grosse claque visuelle grâce à de l’action, non, on vient pour des personnages absolument magnifiques, majestueux, charismatiques !


Le travail de Jae Lee est d’une extrême finesse, d’une très grande finesse. Il y a telle richesse de détails sur les visages, dans les expressions, une telle richesse dans la palette d’émotions qu’il leur fait traverser. On s’arrête sur chaque personnage, sur chaque visage. C’est un tel spectacle. Flèche Noire est tellement charismatique, Médusa tellement belle, Karnak tellement mystérieux, Gorgone tellement puissant ! Les Inhumains n’ont jamais été aussi bien dessiné et représenté.


Les Inhumains est une espèce résultant d’expérience génétique des Krees. Ils évoluent sur Terre en marge du reste de l’humanité. Arrivés à l’âge adulte, ils plongent dans les brumes tératogènes d’où ils vont ressortir, plus ou moins, transformés et se découvrirent d’incroyables pouvoir.


Attilan est donc cachée derrière une bulle protectrice, pour empêcher toute interaction avec le monde, au large du Portugal, au cœur des ruines de l’Atlantide. Flèche Noire régnant en bon roi sur les Inhumains, bien entouré par sa famille. Mais bien entendu, il n’est pas surprenant et inattendu de voir que certains connaissent l’existence d’Attilan, et s’y intéressent très fortement. Forcément, comment ne pas être attiré, happé, par toutes les richesses et le pouvoir qui y sont renfermés, tout en étant « apeuré » par les « monstres » qui habitent et le danger qu’ils représentent.


Petit-à-petit Attilan n’est plus si « secrète » et cachée que cela. Le Portugal s’y intéresse. La Russie s’y intéresse. Les USA s’y intéresse. Beaucoup de monde en somme. Et comme bien souvent avec les Hommes, c’est par les armes et le côté sournois qu’ils vont agir.


Alors qu’une nouvelle salve de tératogénèse vient d’avoir lieu, un des jeunes adultes venant de la vivre, meurt. C’est l’un des effets possibles. Terriblement rare mais possible. Une grande tristesse s’abat sur la cité, alors que le chaos commence à gronder hors de la bulle protectrice. Les armes grondes, les balles sifflent, les failles s’ouvrent.


Plus le chaos s’immiscent doucement, autour puis dans la cité, et plus Flèche Noire semble dépassé, défaitiste, limite je m’en foutiste. Des dissensions se font sentir au sein de sa sphère rapproché, certains commençant à douter de la capacité du roi silencieux à tenir tête aux envahisseurs, à protéger la cité, à défendre les Inhumains. Mais peut-on véritablement douter d’un personnage comme Flèche Noire ? Peut-on vraiment croire que cette poussée humaine soudaine soit de leur seul fait ?


Plus le chaos gagne, plus les drames s’enchaînent rapidement, et plus on se retrouve embarqué dans un véritable jeu de dupes. Paul Jenkins déplace ses pièces stratégiquement et de façon innocente, et alors que l’on était à l’extérieur d’une vaste toile d’araignée avec une intrigue nébuleuse, on se retrouve happé au cœur d’un tête-à-tête tactique, au cœur de la toile avec une développement très prenant.


Bref, on m’avait promis ce qui était sans doute la meilleure œuvre consacrée aux Inhumains, et bien je valide totalement. Avec ce récit, Paul Jenkins et Jae Lee nous plongent clairement au cœur de la société inhumaine. Une intrigue politique rondement bien menée et haletante ! On tremble jusqu’à la toute fin, où l’on se demande encore quelques pages avant le final, ce qu’il va se passer. Énorme !

Romain_Bouvet
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le 3 sept. 2021

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